11 février 2012
6
11
/02
/février
/2012
14:16
Après une concertation du Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom) quasi nulle en 2010, lors de l'enquête publique, le projet de l'usine de méthanisation à Romainville
continue de préoccuper les habitants. L'article de novembre Méthanisation à Romainville : une pétition de la peur faisait le point et répondait à un certain nombre de questions sur le projet de
l'usine de méthanisation à Romainville dans le quartier du Bas-Pays : utilité de la méthanisation, localisation en zone urbaine, risques d'explosion et d'incendie, diminution du trafic routier,
impact paysager, nuisances olfactives, valorisation des digestats issus de la méthanisation... Depuis, un débat local a eu lieu le 12 décembre salle Jacques Brel à l'initiative du groupe Europe
Ecologie Les Verts de Romainville. Le 1er février dernier, c'était enfin le Syctom, porteur du projet, et Est Ensemble, la communauté d'agglomération récemment dépositaire de la compétence «
collecte des déchets », qui organisaient une réunion publique au Palais des Fêtes de Romainville, tant attendue que certaines personnes n'ont pu rentrer faute de place. La mission de service public
du SYCTOM est de traiter les 300 000 t de déchets produits chaque année par les 900 000 habitants du « bassin versant » correspondant (le XIXe arrondissement parisien et 22 communes de
Seine-Saint-Denis), et l’obligation de mettre fin à la mise en décharge, de limiter l’incinération et de recycler les déchets organiques. Un moratoire d'au moins 6 mois a été demandé par plusieurs
élus, afin de rattraper la concertation avec les citoyens ratée en 2009/2010 - le Syctom n'a pas expliqué pourquoi concertation et enquête publique de 2010 n'ont pu se dérouler comme à Ivry, où la
reconstruction d'une usine du Syctom avait donné lieu à 2 ans de débats publics avec cahiers d'acteurs où toutes les associations locales avaient pu s'exprimer. La commission nationale du débat
public sera enfin également saisie afin de procéder à une large consultation – c'est bien là le minimum qu'on puisse attendre, à défaut d'une réelle co-construction du projet avec les habitants
concernés. Par ailleurs, des ateliers seront ouverts aux habitants sur la thématique « Que faire de nos déchets ? ». Une permanence d’information sera ensuite installée sur le site actuel avant la
signature d’une charte intercommunale de qualité environnementale. Concernant la présence d'une usine de méthanisation en zone urbaine dense, l'expérience de la gestion des biodéchets des ménages
par la Communauté Urbaine de Lille Métropole a été rapportée. Depuis 2007, 550 000 habitants sont équipés de bacs cloisonnés pour la collecte des déchets résiduels/biodéchets, et jusqu'à 108 000
Tonnes peuvent être traitées par le Centre de Valorisation Organique de Sequedin sans problème d'odeurs. Néanmoins il apparaît clairement que le dimensionnement du projet romainvillois à 322 500T
est largement au dessus des installations actuelles en France, et cette taille d'équipement peut être interrogée. Pour autant, il n'apparaît pas sur-dimensionné au regard des déchets à traiter de
la population du « bassin versant » et en complément de l'usine du Blanc-Mesnil. Quant aux transports, si le trafic routier devrait diminuer de 13 000 camions/an par rapport à aujourd'hui, la
coulée verte piétonne et cyclable du bord du canal de l’Ourcq serait interrompue cinq jours sur sept dans la journée par un contournement du futur port fluvial en fonctionnement, ce qui est un peu
contradictoire avec le développement mis en place par les villes autour du canal. Sur la qualité du digestat qui pourrait être issu de l'usine en projet à Romainville, des interrogations subsistent
: il pourrait difficilement prétendre au nom de compost, au regard des normes européennes à venir, et des nécessités de fertilisation agricole de ses utilisateurs potentiels, les agriculteurs de
l'Eure où serait stocké et commercialisé le compost. Il apparaît donc intéressant d'envisager de développer 2 filières au sein de l'usine (qui comprend 2 chaînes de tri indépendantes, avec au bout,
3 digesteurs pour chacune). L'une déjà prévue utilisant le Tri Mécano-Biologique (TMB),séparant lespolluants ultimes que nous mélangeons à nos déchets organiques (une aberration française qui
pollue les décharges ou produit des fumées très toxiques en incinérateur). On peut alors utiliser la biomasse triée de ces polluants pour produire du biogaz. Le digestat ultime produit, d'un
tonnage divisé par deux par la méthanisation, ne pourra pas être commercialisé comme compost s'il n'est pas de qualité suffisante, et sera mis en décharge (moins de pollution des sols) ou incinéré
comme Combustibles Solides de Récupération(CSR) avec une augmentation de 15 à 30 % du rendement énergétique produit. L'autre méthaniserait des bio-déchets : épluchures de légumes, déchets
alimentaires, déchets de jardins...) déjà triés en amont pour produire du compost. Deux « gisements » de ces déchets existent sur le territoire : ceux des gros producteurs, entreprises ou
collectivités, qui devraient alimenter l'usine de méthanisation de Blanc-Mesnil, dans le même « bassin versant ». Reste l'autre gisement, celui des bio-déchets des habitants, pour l'instant jetés
dans la poubelle « grise » des ordures ménagères. Une collecte sélective supplémentaire de ceux-ci, impliquant en amont la population et mettant en place des protocoles simples en ce sens, peut
espérer 10% du tonnage actuel, autour de 30 000 tonnes, à condition de mettre des récipients adaptés et de révolutionner le mode de collecte de ces déchets. C'est peu au regard des efforts de tri
que devra faire chaque habitant et des efforts financiers nécessaires par les collectivités territoriales pour mettre en place une telle collecte sélective. Mais ce serait beaucoup pour la qualité
de la chaîne à reconstituer – du consommateur-producteur d'ordures au consommateur de compost-producteur de nourriture. Le Syctom a annoncé un nouvel audit incluant les conclusions de l'audit
précédent commandé par l'association ARIVEM, et réalisé par un cabinet d’expertise indépendant reconnu. Il pourrait s'accompagner du lancement d’une étude sur les gisements de biodéchets et la
faisabilité d’une collecte séparative des déchets organiques par l’agglomération Est Ensemble, décisionnaire en la matière. Quant au biogaz généré par la méthanisation, 2 solutions sont envisagées
et toujours possibles : la production d'électricité et de chaleur via une centrale de cogénération, ou la production de biométhane et son injection dans le réseau de GRDF qui y est prêt.