Principal danger : la fusion du réacteur
Il y a donc aussi des doutes sur l'état du cœur du réacteur, qui pourrait être en fusion partielle. Sur
LeMonde.fr, on apprend que « les informations sont parcellaires » selon Thierry Charles – directeur de la sûreté des usines nucléaires à l'Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) – qui constate que les déclarations de l'autorité de sûreté japonaise et celles de l'exploitant Tepco ne concordent pas totalement, Tepco
indiquant que la fonte du cœur n'est pas en cours alors que l'autorité de sûreté annonçait samedi matin une probable fusion du cœur.
Le plus grand danger serait donc la fusion du réacteur et c'est pour cette raison qu'une réaction de type Tchernobyl est envisageable. Si le cœur entre en fusion, il risque de faire
fondre la cuve du réacteur. Contrairement à l'accident de Three Miles
Island (où avait eu lieu une fusion partielle du cœur), dont l'enceinte de confinement était restée intacte et empêchait alors les fuites radioactives, le cas de
Fukushima peut différer.
Si l'enceinte a été détruite par l'explosion, il n'y a plus de barrière au relâchement de particules radioactives.
Les autorités japonaises doivent donc agir dans une fenêtre de temps très réduite pour éviter la fusion du cœur. Les doutes concernant toute fusion du cœur seront à l'évidence dissipés
très rapidement, espérons-le.
Conséquences sanitaires pour les Japonais et les pays voisins
Concernant le relâchement volontaire de vapeur radioactive pour aboutir à une diminution de la pression dans le réacteur, effectuée samedi matin, c'est une procédure logique qui, malgré
les risques de contamination, permet de minimiser les risques d'explosion. Seulement, le nuage radioactif qui a été relâché représente de réels risques pour la santé.
Premièrement, la radioactivité émise est importante : selon l'agence Kyodo, la radioactivité reçue en une heure par une personne se trouvant sur le site de la centrale de Fukushima
correspond à la limite de radioactivité à ne pas dépasser annuellement.
De fait, un nombre réduit de personnes habitant une ville proche de la centrale ont été exposées à des radiations. Ces personnes vont avoir à subir un lavage spécial mais il semble
que leur état de santé ne présente rien d'anormal. Dans le cas actuel, la contamination au césium radioactif présente moins de risques que celle à l'iode radioactif, puisque l'iode est
bien plus volatil.
En ce sens, les autorités japonaises préparent les mesures qui s'imposent, à savoir la distribution d'iodure de potassium aux habitants et leur éloignement des
centrales (20 kilomètres selon les autorités).
Sachez-le, à défaut d'avoir de telles pastilles dans un cas similaire, vous pouvez aussi utiliser de l'eau iodée afin de saturer la thyroïde en iode stable et éviter l'incorporation
d'iode radioactif menant à un cancer de la thyroïde (un des symptômes principaux de l'après-Tchernobyl).
Les nuages radioactifs ne connaissent pas les frontières
Deuxièmement, les risques pour la santé sont réels car les vents et le nuage radioactif ne connaissent pas de frontières. Même si les autorités se sont réjouies des vents repoussant le
nuage vers la mer, celui-ci risque de survoler d'autres pays. La Russie notamment s'inquiète d'une contamination de son territoire, la péninsule de Kamchatka pouvant être atteinte dans
les 24 heures.
Le fait est que le danger résidera plus dans la contamination radioactive des terres agricoles mais aussi du bétail, puisque l'ingestion d'aliments contaminés représente de sérieux risques pour la santé, notamment pour les enfants et les femmes enceintes. Si les normes de contamination en
venaient à être dépassées dans les pays affectés, toute la production alimentaire devra être détruite.
En France, Nathalie Kosciusko-Morizet a promis la plus grande transparence sur l'impact éventuel de cette catastrophe et l'IRSN rendra public sur son site Internet les données recueillies
en France.
Puisque que l'on n'est jamais trop sûr, sachez aussi que la Criirad a mis en alerte la vingtaine de balises situées sur le territoire français : dès que la moindre hausse des
niveaux de radioactivité sera mesurée, les résultats seront diffusés immédiatement.
Catastrophes naturelles et centrales nucléaires
Le cas présent est extrême. Cependant, l'évidence est que les décideurs japonais ont joué aux apprentis sorciers avec leur programme nucléaire, les complexes nucléaires japonais
étant théoriquement construits pour résister à un séisme d'une magnitude de 7.
Alors même que des précédents moins graves avaient eu
lieu, comment le Japon a-t-il pu juger concevable de sécuriser des centrales dans un pays à forte activité sismique ? Rappelons que 20% des secousses supérieures à
une magnitude de 4 enregistrées à travers la planète ont lieu au Japon.
Mais qu'en est-il en France ? Le risque est-il le aussi extrême ? Le risque existe vraiment selon le réseau Sortir
du Nucléaire, qui avait révélé en 2003 que EDF avait falsifié les données sismologiques pour s'éviter des travaux onéreux, pourtant indispensables pour la sûreté
nucléaire.
La France n'est pas à l'abri
L'Autorité de sûreté nucléaire avait du intervenir pour rappeler EDF à l'ordre, suite à la falsification de certaines données primordiales à la sécurité des centrales. Alors que les
normes sismiques doivent être basées pour chaque centrale sur un Séisme majoré de sécurité (SMS), l'ASN a remarqué que EDF avait utilisé des normes inférieures à celles déterminées par
l'IRSN.