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  • : Les Verts d' Aubervilliers
  • : Le Blog de Jean-François Monino, élu Maire Adjoint d'Aubervilliers, est là pour vous informer de son action dans les domaines aussi variés que l:'environnement, les transports, la sécurité, la prévention, la gestion des déchets et les relations internationnales
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  • Jean-François Monino
  • Maire adjoint à la Ville d'Aubervilliers aux travaux,à la Voirie.
Vice Président à Plaine Commune
Président de l'association Aubervilliers Environnement - Aubervilliers Ecologie.
  • Maire adjoint à la Ville d'Aubervilliers aux travaux,à la Voirie. Vice Président à Plaine Commune Président de l'association Aubervilliers Environnement - Aubervilliers Ecologie.

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 10:14

Stéphane Hessel, citoyen d’honneur d’Aubervilliers, est décedé à l'âge de 95 ans après une vie remarquable.  

 

J'adresse mes sincères condoléances à sa famille et à son épouse.

 

JFM+STEPHANE HESSEL

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 10:07

Je vous remercie toutes et tous pour votre participation à cette journée départementale consacrée à l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

Je remercie Charles-Henri Montaut, Président Directeur Général de la Société Coopérative et Participative UTB, pour son accueil dans ces magnifiques locaux.

Je remercie également toutes les personnes qui sont intervenues ce matin dans les différentes tables rondes. Leur analyse, leur compétence et leur éclairage sont capitaux pour développer l’ESS sur notre territoire.

Je tiens surtout à saluer et remercier l’ensemble des services du Conseil général qui, comme l’année dernière, ont permis que cette manifestation soit un véritable succès.

Maintenant, dans notre Département, contrairement à l’année précédente, nous avons un service dédié entièrement à l’ESS. Cela a été une demande forte de ma part, validée à l’époque par le Président Bartolone et bien entendu soutenue par notre nouveau Président

Stéphane Troussel que vous avez sans doute pu écouter ce matin.

A l’instar de notre gouvernement, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis s’est mis en ordre de marche pour développer cette économie !

Je suis intimement convaincu qu’en travaillant ensemble, nous pouvons contribuer à rectifier cette fracture que nous constatons tous les jours : alors que des grandes entreprises de plus en plus nombreuses viennent s’installer sur notre territoire, la précarité et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Nous atteignons la barre des 84 000 allocataires du RSA !

Et paradoxe, le nombre d’emploi ESS est l’un des plus bas de France :

La Seine-Saint-Denis compte 186 salariés de l'économie sociale pour 10 000 habitants, très loin de la moyenne régionale (323 salariés pour 10 000 habitants), mais également de la moyenne en Petite comme en Grande couronnes (255 et 224 salariés pour 10 000 habitants respectivement).

Nous devons inverser cette tendance !

Il est temps de mettre l’humain au coeur de notre économie et de favoriser la création d’emploi pérenne et non délocalisable garant d’un développement durable et d’un mieux vivre en Seine-Saint-Denis.

L’économie sociale et solidaire est un moyen de préserver et de revitaliser nos territoires en profondeur, elle est une alternative crédible à l’approche financiarisée et non-productive de l’économie, et elle a démontré qu’il est possible de « faire autrement » : efficace sur le plan économique, tout en respectant l’humain (producteur, consommateur, usager, citoyen), et l’environnement.

C’est le moment ou jamais ! Certes la fenêtre n’est pas grande : nous traversons une grave crise, la situation financière de notre pays et de notre collectivité est préoccupante. Mais les récentes déclarations du Ministre Hamon vont dans le bon sens :

Enfin, l’Economie Sociale et Solidaire va être intégrée au coeur des stratégies économiques du gouvernement de la France.

Les principales dispositions du futur projet de loi indiquent ainsi que l’ESS sera pleinement acteur des politiques de l’emploi. C’est une belle avancée que connaîtra ainsi ce secteur pour préparer l’économie de demain.

La communication de Benoît Hamon, relative au projet de loi pour l’Economie Sociale et Solidaire, a été placée sans équivoque dans le cadre des objectifs prioritaires pour l’emploi. Il faut y voir l’analyse partagée par la majorité PS-EELV du poids stratégique de l’ESS. À l’opposé de l’équipe Sarkozy-Fillon, qui avait délaissé un secteur qui représente 12% de l’emploi salarié en France, le gouvernement affirme que l’ESS est une véritable alternative en matière de modèle de développement et il est décidé à passer à l’action.

Le cadre législatif adopté pour développer ce secteur est prometteur. À l’opposé de la Droite qui a ignoré l’ESS pendant 10 ans, démantelant ses lignes de crédit et sa représentation gouvernementale, la majorité gouvernementale affirme la reconnaissance légale de l’ESS et de sa singularité, formalise les leviers de son intégration dans les politiques publiques mais aussi modernise les dispositions législatives qui la concernent. Des éléments très positifs, d’autant que le ministre annonce une « concertation approfondie avec les acteurs du secteur », associant les représentants des collectivités locales. Si ces intentions sont suivies d’actes, si la concertation est complète et fructueuse, et notre Département y contribuera de toutes ses forces, sur le terrain aux côtés des acteurs et des réseaux, avec les différentes collectivités, l’essor de l’économie sociale et solidaire pourra changer durablement le paysage de l’économie et de la société toute entière.

 

 

Jean-François Baillon

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 14:23

«Il nous coûte cher, mais il ne nous apporte que du bonheur». Le maire d'Aubervilliers, Jacques Salvator, n’est pas peu fier d’accueillir dans sa commune le premier village d’insertion de Roms. Installé à quelques encablures du centre-ville, il a accueilli dès sa mise en place, début 2007, vingt familles Roms, soit une centaine de personnes, pour une durée préalable de trois ans.

Le «village» est coincé sous un pan de l’A86 et du RER B, constitué d’une dizaine de mobil homes jaunâtres, de trois pièces maximum, plantés dans un environnement, clos, très sommaire: sol de graviers, quelques platebandes d’herbes folles, un ou deux arbres ici et là et deux ou trois bancs.

«C’est mieux que d’habiter dans la rue»

«C’est bien quand même, c’est mieux que d’habiter dans la rue», témoigne Mirella, mère de six enfants de quatre à dix-neuf ans, tous scolarisés depuis l’arrivée de sa famille en France, en 2006. Après être partie de Roumanie, elle a connu une dizaine d’années de galère en Pologne puis en France, entre hôtels misérables et campements sordides. Si sa famille est un peu serrée dans le mobil home de trois pièces qu’elle occupe depuis fin 2008 - moyennant un «loyer» correspondant à environ 10% de ses ressources, son discours est résolument optimiste.

Elle a trouvé du travail, dans une association, son mari aussi, dans le bâtiment, et pour rien au monde elle ne retournera dans son pays d’origine. «En Roumanie, c’est dur, il n’y a pas de travail, pas de logement et la vie est plus chère là-bas», déplore Mirella. Pourtant, les discours actuels en France sur les Roms lui «font mal». «Ce n’est pas tout le monde qui vole, qui fait des bêtises», clame Chrysantema, sa fille de 16 ans, qui aide sa mère à s’exprimer en français.

«Les familles sont aujourd’hui dans un projet de vie»

Aujourd’hui, l’objectif de Mirella et de sa famille, c’est d’obtenir un relogement dans une HLM. «Je ne pense pas à moi, mais à mes enfants. Je veux qu’ils finissent l’école, qu’ils aient du travail», insiste-t-elle. «Les familles sont aujourd’hui dans un projet de vie, elles ont oublié la précarité qui a été la leur et ont une vraie capacité à s’adapter», assure Marie-Louise Mouket, chef de projet à l’ALJ 93, l’association qui gère le village.

Outre la scolarisation des enfants et l’accès à l’emploi des parents, le relogement des Roms dans un habitat ordinaire reste la finalisation du projet des villages d’insertions qui, dans la foulée d’Aubervilliers, ont également été créés dans plusieurs autres communes de Seine-Saint-Denis (La Courneuve, Bagnolet, Montreuil, Saint-Denis, Saint-Ouen).

«Les résultats sont significatifs»

«Notre souhait, c’est que cinquante villes d’Ile-de-France en fassent de même pour accueillir 5.000 Roms (il y en a 6.000 en région parisienne, ndr), puis que ces villages disparaissent», plaide Jacques Salvator. A Aubervilliers, le «bail», qui coûte 300.000 euros par an (dont plus de 50% sont alloués au gardiennage du village), a été prolongé d’une année, parce que «les résultats sont significatifs». «Il ne reste aujourd’hui plus que treize ménages à reloger, soit 58 personnes», ajoute Marie-Louise Mouket.

«On a fait notre part du boulot», estime Jacques Salvator qui souhaite désormais qu’une «vraie politique publique» soit lancée afin de préparer 2014, date à laquelle il n’y aura plus aucune restriction à l’installation des Roms en France. En effet, ils seront alors des citoyens européens à part entière. 

 20 minutes

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 07:40
« La question israélo-palestinienne est majeure pour l'avenir du monde, tout comme pour celui du vivre ensemble ici, dans nos villes et dans nos quartiers » a déclaré la maire de Montreuil en accueillant  la délégation de Beit Sira le mercredi 30 septembre à l’Hôtel de Ville de Montreuil.

Beit-Sira est un village palestinien de 3000 habitants, situé à 25 km à l'ouest de Ramallah.

Nous publions ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par Dominique Voynet, qui précise les modalités de l’engagement de Montreuil auprès des Palestinien et sa position personnelle » sur le conflit israélo-palestinien.

« Madame la Déléguée générale de la Palestine en France, Messieurs les Président et Vice-Président du Conseil local de Beit Sira, Madame la représentante de la société civile de Beit Sira, Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je suis vraiment très heureuse de vous accueillir à l'hôtel de ville, avec mon adjoint Alexandre Tuaillon, pour ce moment solennel qui va permettre de formaliser les engagements réciproques de coopération entre Beit Sira et Montreuil pour les années à venir.

Une première lettre d'intention avait été signée en 2005, mais nous entrons aujourd'hui dans une nouvelle étape, que nous avons souhaitée plus forte, plus concrète, plus durable. Et plus assumée.

Plus forte, car nous avons décidé, bien que la situation budgétaire de notre ville soit mauvaise et alors que nous cherchons à réaliser des économies dans tous les secteurs, de hisser la coopération avec la Palestine au rang de nos priorités en matière internationale.

Plus concrète, car nous nous engageons aujourd'hui à dépasser le cadre des échanges (d'étudiants, d'élus, de sportifs) pour entrer dans une véritable dynamique de projet.

Les échanges ont leur utilité, notamment parce qu'ils permettent à nos sociétés civiles de se rencontrer. Ils permettent aux Palestiniens d'échapper ponctuellement à l'enfermement quotidien d'une vie sous occupation, d'une vie sous embargo économique, d'une vie où les perspectives d'avenir sont très difficiles à entrevoir.

Et ils permettent aux Français, aux Montreuillois, de mieux percevoir et comprendre ce qu'est la réalité palestinienne, bien différente des raccourcis médiatiques et des clichés simplistes.

Ces échanges entre un peuple libre et un peuple qui revendique sa liberté participent selon moi de la solidarité internationale, et cela est loin d'être négligeable.

Mais Montreuil veut désormais aller plus loin, en développant des actions de coopération dans la durée, qui contribueront à améliorer concrètement la vie quotidienne des habitants de Beit Sira. En nous recentrant sur nos compétences, nous allons participer à des programmes dans les domaines de l'assainissement, de l'éclairage public, des déchets, ou encore des équipements scolaires ou sociaux.

Un appui au développement du service public local donc, mais aussi un soutien aux initiatives citoyennes et de la société civile, par le biais du financement de micro-projets ou d'actions de formation.

Bien sûr, cet ambitieux programme ne pourra pas être réalisé en une seule fois, c'est pourquoi nous nous engageons aujourd'hui sur le long terme avec nos partenaires palestiniens. Le protocole couvre une première période de 3 ans, et nous souhaitons qu'il soit renouvelé, mais dans l'immédiat, il nous a fallu hiérarchiser des priorités.

Parmi celles-ci, nous avons choisi ensemble de concentrer nos efforts sur la question de l'approvisionnement en eau potable des 3000 habitants de Beit Sira, qui est notoirement défaillant aujourd'hui. Cela correspond à un besoin vital de la population, et nous allons tout mettre en œuvre pour mobiliser les partenariats techniques et financiers nécessaires à la rénovation du réseau, à la mise en place d'un véritable système de gestion et à la sensibilisation des usagers.

Nous en sommes conscients, travailler sur la question de l'eau en Palestine n'est pas neutre au niveau politique. Cette ressource est rare et stratégique, elle est presque entièrement contrôlée par les Israéliens dans les territoires occupés, notamment pour assurer l'approvisionnement des colonies ou l'irrigation des cultures dédiées au marché israélien. C'est Tsahal qui contrôle les puits, et c'est la compagnie Mekorot qui assure la majorité de la distribution.

Nous nous engageons donc dans cette coopération avec une pleine et entière conscience des difficultés et du contexte. Cette coopération, nous l'assumons. Et nous sommes prêts à nous en expliquer, chaque fois qu'il le faudra.

Contrairement au passé à Montreuil, nous ne coopérons pas avec la Palestine en nous cachant derrière une notion de pseudo équilibre avec une ville israélienne.

Nous sommes jumelés avec une ville israélienne, dont Beit Sira n'est séparée que par le « mur de sécurité ». Je n'écarte pas la possibilité d'une coopération concrète avec cette ville à l'avenir, si elle implique les sociétés civiles, si elle permet d'agir pour faire avancer l'idée de paix au sein de la population.

Mais je n'en fais ni un préalable ni une condition de notre engagement en faveur du peuple palestinien.

Mon opinion est claire et elle n'est pas nouvelle : je refuse de faire comme s'il n'y avait pas dans ce conflit un fort et un faible. En tant que pacifiste, en tant qu'humaniste, en tant que militante des droits de l'être humain depuis toujours, je me dois de porter en priorité mon soutien et ma compassion vers le faible, vers l'opprimé.

Vous serez peut-être surpris que j'y fasse référence, mais c'est Karl Marx qui a dit qu'« Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre », et c'est bien le message que je ferai passer à nos partenaires israéliens lorsque l'occasion m'en sera donnée.

Les conditions de réalisation d'une paix juste sont connues, depuis longtemps, et elles ont été traduites dans plus d'une dizaine de résolutions de l'ONU, qui n'ont jamais été appliquées. La conférence de Madrid en 91, puis les accords d'Oslo en 93, suivis de ceux du Caire et de Taba, ont engagé le processus positif qui aurait pu permettre un règlement du conflit malgré l'assassinat de Rabin et l'échec de Camp David en 2000.

Le déclenchement de la deuxième Intifida, le renforcement de l'étreinte israélienne sur les territoires et l'aggravation de la situation sociale, sanitaire et économique des populations, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem Est, l'essor du Hamas et le cercle vicieux attentats-répression, ou encore la terrible guerre à Gaza, semblent avoir écarté durablement les perspectives de paix.

Mais « la feuille de route » élaborée par le Quartet, et de manière beaucoup plus concrète les accords de Genève du 1er décembre 2003 - auxquels beaucoup d'entre nous ici, pleins d'espoir, ont apporté leur soutien - apportent des solutions précises pour parvenir à une résolution du conflit.

Ma position personnelle n'est pas ambiguë, je pense qu'on ne peut pas faire moins que Genève : reconnaissance du droit à l'existence et à la sécurité d'Israël dans des frontières stables ; Jérusalem Est capitale d'un Etat palestinien souverain et libre ; évacuation par Israël de 98% de la Cisjordanie (dont la plupart des colonies) et règlement de la question de la circulation entre la Cisjordanie et Gaza ; approche pragmatique de la question du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Ces questions politiques ne sont habituellement pas évoquées dans le cadre de la coopération décentralisée ou des relations internationales entre collectivités. On fait mine de s'en tenir aux questions humanitaires ou sociales. On rivalise de bons sentiments et de déclarations générales.

Mais la coopération avec la Palestine n'est pas une coopération comme les autres, et il serait hypocrite ou lâche de coopérer sans s'engager.

Cette intervention était longue, et a peut-être un peu dépassé le cadre de la seule signature du protocole. Mais je considère que la question israélo-palestinienne est majeure pour l'avenir du monde, tout comme pour celui du vivre ensemble ici, dans nos villes et dans nos quartiers. Elle mérite donc selon moi autre chose que de « faciles » déclarations de principe convenues.

Pour l'heure, nous allons nous attacher à ce que ce qui est inscrit dans ce protocole n'allonge pas la liste des promesses non tenues à l'égard des Palestiniens, et tout mettre en oeuvre pour que ces actions soient réalisées au plus vite ! Je sais qu'à mes côtés, Alexandre y mettra son énergie et ses convictions, et que nos services, que je remercie pour leur travail et l'implication dans l'accueil de la délégation, y apporteront leur savoir-faire et leur efficacité. Inch'allah ! Shukran ».

Publié sur le blog de Dominique Voynet le 12 octobre 2009 sous le titre « Montreuil s'engage auprès des Palestiniens »

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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 23:00

http://www.350.org/sites/all/files/denali_logo.pngLes scientifiques sont unanimes : la crise climatique est le plus grand défi auquel notre civilisation est confrontée. Ensemble, nous allons mobiliser le monde entier pour résoudre ce problème. Le principal obstacle qui nous empêche d'affronter cette crise rapidement et de manière équitable est le manque de volonté politique. La seule chose qui peut créer cette volonté politique est un mouvement mondial unifié - que personne ne va créer pour nous. C'est aux individus ordinaires du monde entier de le faire. C'est-à-dire à vous.

Voici le plan : le 24 octobre 2009, partout dans le monde, au Nord comme au Sud, dans les pays riches et historiquement responsables du problème comme dans les pays peu émetteurs de gaz à effet de serre et très vulnérables au changement climatique, des groupes de personnes se rassembleront autour du chiffre 350. Ce chiffre renvoie à la concentration de CO2 en ppm dans l'atmosphère auquel nous devons revenir au plus vite pour que la planète reste vivable. Dès lors que nous en sommes déjà à 385 ppm, il est très facile de comprendre l'urgence extrême de la situation. L'objectif 350 est clair et direct. Il va droit au but et repose sur une base scientifique solide.

Ce que chacun peut faire ? Organiser une action simple et symbolique - pensez à des balades à vélo, des rassemblements, des concerts, des randonnées, des plantations d'arbres, des manifestations, la seule limite et celle de votre imagination - dans votre ville ou village pour attirer l'attention sur ce chiffre. Partout dans le monde, des églises sonneront les cloches 350 fois. Des centaines de personnes formeront des 3, des 5 et des 0 avec leurs corps. Imaginez votre action en lien avec des milliers d'autres qui auront lieu partout dans le monde. Imaginez ce monde qui se réveille. Si nous réussissons, nous enverrons le 24 octobre un message puissant : le monde a besoin des solutions climatiques que la science et la justice exigent.

Suite à notre rencontre avec Bill McKibben, écrivain états-unien initiateur du mouvement www.350.org, LaRevueDurable et www.leclimatentrenosmains.org ont décidé de s'investir pour relayer ce mouvement mondial en faveur du climat en France et en Suisse.

Passez à l'action

Le 24 octobre, nous serons très nombreux à soutenir le chiffre 350 - symbole qui représente la sécurité climatique et le monde que nous devons créer. A la fin de la journée, nous placerons des photos de tous ces événements sur le site www.350.org et les diffuserons au monde entier. Cette avalanche d'images placera le changement climatique au cœur du débat public - et rendra nos leaders responsables d'un peuple mondial unifié.

Décidez-vous à agir. Avec l'aide de vos amis, collègues, membres de votre association, parti politique ou église, trouvez une idée de manifestation. Enregistrez-là sur le site www.350.org. Cette étape est importante pour faire connaître votre manifestation et profiter du soutien logistique de l'équipe de 350.

Ensemble avec l'équipe de 350, LaRevueDurable et www.leclimatentrenosmains.org feront tout pour vous aider, vous fournir des modèles de bannières et de communiqués de presse, des outils qui vous aideront à construire un groupe d'action local efficace sur le climat. A ce propos, n'hésitez pas à contacter Sylvia. Toutes les manifestations qui nous seront annoncées avant le 7 septembre figureront dans l'agenda du numéro spécial de LaRevueDurable consacré au sommet de Copenhague.

L'année 2009 est cruciale, car l'opportunité politique d'avoir une influence sur nos gouvernements n'a jamais été aussi grande. Le 24 octobre, c'est six semaines avant les réunions essentielles des Nations unies qui auront lieu à Copenhague pour préparer un nouveau traité mondial visant à réduire les émissions de carbone. Si nous faisons tous du bon travail, chaque nation se posera la question de savoir si le plan proposé pourra replacer la planète sur le chemin des 350 ppm de CO2.

Nous ne pourrons réussir qu'avec l'aide d'un mouvement mondial qui dépasse toutes les frontières de langues et de cultures, et commence déjà à faire des vagues un peu partout. Rejoignez-nous et signalez-nous votre événement local dès aujourd'hui.

Et n'hésitez pas à faire suivre ce message à tous vos contacts !
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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 22:11
Témoignage de Christine Ratzel,
maire adjointe d’Aubervilliers en charge de la coopération
décentralisée, en mission dans la Bande de Gaza avec Cités
Unies France, du 1er au 8 mars 2009 T-moignage-Christine-Gaza-mars2009.pdfTémoignage-Christine-Gaza-mars2009.pdf (version imprimable)

Un groupe d’élus français s’est rendu à l’appel du Cités Unis France en Palestine et
particulièrement à GAZA du 1er au 8 mars 2009 :

Cette mission était composée des élus suivants:
-Charles JOSSELIN, Président de CUF (Cités Unies France) et ancien ministre
-Loïc CAURET, maire de Lamballe
-Stéphane PEU, maire adjoint de Saint Denis, vice président de Plaine Commune
-Rose GOMIS, maire adjointe de Saint Denis, vice président de Plaine Commune
-Jean Philippe MAGNEN, maire adjoint de Nantes et conseiller délégué de la communauté d’agglomération
-Alain DESMARET, premier vice président du conseil général du val de marne
-Alain AUDOUBERT, Maire de Vitry sur Seine
-Patricia CEREIJO, Conseillère régionale du Pays de la Loire
-Gnamé BAGAYOKO, Maire Adjointe de Saint Ouen
-Catherine BARBOTIN, Maire Adjointe de Rennes
-Véronique LE BIHAN, maire adjointe d’Aubervilliers et conseillère communautaire déléguée
-Bertrand GALLET, directeur de CUF
-Simone GIOVETTI, Chargé de mission CUF
-Thierry TOUZET, chargé de mission à la mairie de Saint Ouen
-Et moi-même, Christine RATZEL, maire adjointe d’Aubervilliers en charge de la coopération décentralisée et de l’économie solidaire.

Les élus composants cette mission étaient tous de gauche : PS, PC et Verts.

L’objectif de la mission de CUF était de pouvoir se rendre à Gaza pour rencontrer la population, les acteurs institutionnels des Nations Unies, le Centre Culturel français, le Maire de Gaza et les membres du conseil municipal afin de se rendre compte et de pouvoir témoigner des dégâts causés par les bombardements israéliens sur la Bande de Gaza de décembre et janvier dernier, manifester sa solidarité avec les Palestiniens et les institutions présentes sur le terrain, renforcer les liens entre les collectivités locales françaises et palestiniennes et avoir une meilleure compréhension des enjeux entre les différentes composantes palestiniennes et israéliennes en présence.

Gaza et les territoires palestiniens

« Dimanche 1er mars : Arrivée à Amman en Jordanie, première impression, il fait froid et il pleut, il neige presque. Nous sommes accueillis par A. Saqqour, réfugié palestinien originaire de Naplouse en Cisjordanie. Il ne peut plus retourner en Israël. Nous attendons l’arrivée du reste du groupe Dimanche 1er au soir pour partir à Ramallah en Cisjordanie.

Lundi 2 au matin, départ pour la frontière jordano-israélienne. Première difficulté, Véronique Le Bihan est tracassée parce qu’elle a un visa syrien. Première inquiétude, est-ce que notre mission s’arrête là ? Que faire si elle ne peut pas passer ? Plusieurs élus et notre directeur de cabinet que nous appelons en France, Mickaël Dahan, nous rassurent : 2 heures d’attente, c’est on ne peut plus normal.

Ensuite, crise de paranoïa de certains : le jeune américain qui nous aborde serait-il un espion israélien ? La tension est d’ores et déjà palpable.

Je constate que les militaires chargés du contrôle des passeports sont jeunes, de 18 à 25 ans environ et armés de mitraillettes. Et les douaniers de mauvaise humeur ! Pas question de plaisanter. L’accueil n’est pas vraiment chaleureux, c’est le moins que l’on puisse dire.

Certains on leurs bagages fouillés. L’état de guerre est permanent, ça ne fait aucun doute. Néanmoins, cela nous permet de comprendre d’emblée ce que peuvent vivre des migrants essayant de venir dans nos états forteresses, en Europe. En effet, l'accueil dans nos ambassades de France pour avoir un visa lorsque l’on est ressortissant d'un état pauvre relève du parcours du combattant, sans parler de l'accueil à l'aéroport par notre police aux frontières !

Mais revenons à Gaza : fort heureusement, nous finissons tous par passer.

Nous traversons alors en minibus un paysage assez dépouillé, voire désolé. De temps en temps, on nous indique une colonie parfaitement identifiable, souvent localisée en haut d'une colline, entourée de grillages et ressemblant à un vulgaire lotissement.

Une heure plus tard environ, nous arrivons à Ramallah, ville Palestinienne de Cisjordanie, qui abrite le siège de l’autorité palestinienne, la Moukata. Yasser Arafat y est enterré. Ramallah serait également la capitale de la Palestine si cet État existait. C’est également la ville dans laquelle est enterré Mahmoud Darwich, figure de proue de la poésie palestinienne, internationalement reconnu, mort aux États-Unis l’année dernière, et qui s’est toujours battu pour son peuple martyrisé par l’histoire. Je ne peux m’empêcher de livrer une de ses citations :

"Mais nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Espoir de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de
contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir. "

Entrée dans Ramallah, avec « check point » et contrôle des passeports. Sur le fameux « mur de sécurité », nous y voyons inscrits des slogans d'espoir et parfois humoristiques, témoignant de l’instinct de vie toujours présent au sein de la population, malgré cette guerre. Nous voyons un mirador et juste à l’entrée de la ville, un camps de réfugiés palestiniens gérés par les Nations Unies.

J’avoue ne pas vraiment saisir la situation : pourquoi des palestiniens s’entassent-ils dans des camps alors qu'ils se trouvent en Cisjordanie, théoriquement « chez eux », dans leur pays ?
Nous rencontrons « le Negociation Support Unit » de l' OLP (Organisation de Libération de la Palestine). Ce service prend en charge la partie communication et réglementation pour l'OLP.
Le directeur nous fait une présentation d’environ deux heures de la situation des Palestiniens en Cisjordanie et à GAZA et du bilan de l’agression israélienne sur Gaza.

Résultats :

1314 tués, pour la plupart des civils, 412 enfants (31%), 110 femmes (8%)
5300 blessés, dont 1815 enfants (34%), 795 femmes (15%).

Le directeur du « Negociation Support Unit » souligne que des vies auraient pu être sauvées si les hôpitaux avaient fonctionné et si des évacuations avaient été rendues possibles par l’armée israélienne.
4000 maisons on été détruites, 17 000 partiellement.

Situation de Gaza :

1,5 million de personnes dont 70 % de réfugiés. Ceux-ci devaient être indemnisés pour la perte de leurs terres. Ils vivent sur un espace de 365 km2.
Au niveau économique, le chômage est de 30 % en 2008 (19% en 2000).
Si 70 000 colons ont été évacués de Gaza, 300 000 sont entrés en Cisjordanie.
Le directeur du « Negociation Support Unit » nous rappelle la politique israélienne de morcellement du territoire palestinien par :
-la construction du mur (780 km),
-les colonisations (settlement) : en 1994, il y avait 200 000 colons. En 2009, ils sont plus de 500 000,
-les routes réservées aux colons,
-la limitation des déplacements par les check points.

Beaucoup de chiffres, mais également une carte très parlante qui montre l'évolution des territoires palestiniens de 1948 à nos jours. Le territoire des Palestiniens se réduit tel une peau de chagrin, mité par les colonies, contraint par le mur, les check points, etc. Cela rend de moins en moins viable la possibilité d’un État palestinien.
Le directeur aborde ensuite la question de Jérusalem : la politique israélienne consiste à isoler Jérusalem Est de Ramallah et de Bethléem et de couper la Cisjordanie en deux.

Il nous donne un exemple concret: si un Palestinien de Bethléem veut vivre avec une Palestinienne habitant Jérusalem Est, il ne peut pas se rendre à Jérusalem et si elle-même vient à Bethléem, elle perd son ID (identité israélienne). Mais le couple pourrait se voir avec des autorisations le week-end. Charmant !
Actuellement, des habitants de la vieille ville sont expulsés, accentuant les dégâts incommensurables d’ores et déjà causés par l’agression militaire israélienne sur Gaza.

Le rôle de la communauté internationale est ensuite abordé : celle-ci continue à coopérer commercialement avec l’état d’Israël (Mercosur, Union Européenne, etc.) et cela entretient le sentiment d’impunité qui règne avec les violations répétées du droit international par Israël.
Nous ressortons de cet entretien assez dépités.

Mardi 3 mars, c’est enfin le départ pour GAZA, presque un mythe*!

Nous arrivons à Eretz, le point de passage du Nord permettant d’entrer dans la bande de Gaza.
Le Vice Consul est là, dans sa jeep blindée, accompagné d’un agent de sécurité armé. Tout cela pour nous ? Ils sont présents afin de faciliter le passage de notre groupe. Cela ressemble à un livre de Marguerite Duras. Effectivement, il faut savoir que certaines missions politiques ou humanitaires ne passent pas !
Une sorte de ballon dirigeable avec une caméra surveille le territoire et notre groupe par la même occasion.
Nous passons un premier portail où nous devons spécifier si nous avons des armes. Bien sûr, il n’est pas question de plaisanter.
Comment décrire l’endroit ? Il faut passer derrière un haut grillage contrôlé par des militaires et des policiers armés de mitraillettes. Nous pénétrons ensuite dans un immense hall.
Il faut entrer dans un box pour présenter nos passeports et répondre aux questions des autorités:
« Avez-vous un autre passeport ? Votre nom? Etc. »
Pour moi, tout se passe bien.

Puis ce sont des couloirs fléchés que l’on traverse, sans personne, accentuant un sentiment de totale déshumanisation. C'est oppressant, et il faut encore attendre que l'on daigne nous ouvrir une porte télécommandée débouchant sur un couloir de mur à ciel ouvert (bleu le ciel quant à lui), puis une zone dévastée bordée d'un immense champs de verdure. Décor hallucinant, passage entre deux mondes, totalement désincarné.
Nous sommes attendus de l’autre côté par un chargé de  mission de la mairie de Gaza et un traducteur. La frontière n'est qu'une barrière avec des hommes qui jouent aux dames, des
enfants qui vendent des boissons, le contraste est criant. Nous sommes rassurés, ayant enfin quitté cet univers aseptisé, toujours inquiétant quel que soit l'endroit.
De plus, le ciel est bleu, il commence à faire chaud et nous sentons que nous nous rapprochons de la mer Méditerranée.
Nous grimpons de nouveau dans un minibus. Cette fois, le territoire est contrôlé par le Hamas, et quelques barbes et voiles commencent à fleurir. Les voitures se font rares, remplacés par des charrettes tirées par des ânes.

Nous traversons une zone bombardée : les immeubles sont écroulés, les usines en tôle ondulées sont démolies, etc.
Premier arrêt, dans la zone économique de Gaza. La mission rencontre un chef d'entreprise qui produit des jus de fruits. Il nous montre les dégâts causés par les bombardements de
Tsahal : ses hangars ont été bombardés, notamment par des bombes aux phosphores, ses stocks de fruits ont été détruits, dégageant une forte odeur de pourriture, certaines cuves ont
été touchés, etc.
Néanmoins des réparations ont d’ores et déjà été effectuées pour que le minimum d'activité économique puisse reprendre. Quelques ouvriers sont sur une chaîne de conditionnement des bouteilles et leur chef d’entreprise nous montre les restes d'obus qu'ils ont ramassé. Certains portent des inscriptions, dessins ou messages à destination des Palestiniens. Touchantes attentions des militaires israéliens !
D’après les traces, on devine parfaitement que des chars sont entrés dans la cour de l'usine.
Pour des néophytes comme nous, nous en restons sans voix. Était-ce bien un objectif militaire ? Cette entreprise semblait sciemment visée, accentuant notre sentiment d’une volonté claire d’Israël de détruire toutes les infrastructures qui pourraient viabiliser ce territoire, la Bande de Gaza. D’ailleurs, des traces d'obus sont également visibles dans l'hôpital situé juste en face de cette usine.

A côté nous apercevons une école. Nous échangeons des signes avec les enfants qui chahutent et nous interpellent en riant.
Cette zone est étonnante, très contrastée, faite d'un côté de grands espaces verts et de l'autre d’habitations en partie dévastées.
Ce qui me touche plus particulièrement, c'est la dignité des personnes que l’on croise : aucun apitoiement. Elles détendent l'atmosphère dès que possible. Boissons et gâteaux nous sont offerts dans la plus parfaite générosité. La vie continue quoi. Grande leçon d’humanité.
Nous arrivons à l'hôtel à Gaza City. L’édifice se situe face à la mer. Perspective étrange, faite de zones dévastées et de quartiers en cours de construction avec des immeubles flambants neufs, parfois même très cossus. Qu’allons-nous donc encore découvrir demain ? »

Mercredi 4 mars : Visite à L'UNSCO (United Nations Special Coordinator Office for the
Middle East Peace Process, Bureau du Coordinateur Spécial des Nations Unies pour le
processus de paix au Moyen Orient)

Nous entrons dans une villa. Des carcasses de voitures des Nations Unies bombardées jonchent le sol et nous pénétrons dans un abri antiaérien.
Nous y sommes accueillis par Hamad El Bayari, qui travaille pour l'UNSCO. Il nous livre son analyse : Depuis le début de la seconde Intifada, Gaza vit dans un état de siège permanent et
des campagnes médiatiques en Europe nous montrent les Gazaouis comme des terroristes.
Selon lui, Gaza n'est pas en crise humanitaire mais subit une crise de sa dignité. Le manque de tout est dû à la situation politique : en effet, 80 % des Gazaouis vivent de l'aide humanitaire.
Les discussions de Charm el-Cheikh, qui se sont tenues en Égypte le 2 mars 2009 entre les principaux donateurs internationaux à propos de la reconstruction de Gaza ont débouché sur une maigre enveloppe de 5 millions de dollars. Or sans ouverture des frontières, cela ne servira pas à grand chose.

Hamad El Bayari donne un exemple sur la situation des pêcheurs qui ne sont plus autorisés à pécher qu'à 6 miles nautique. Avant, c'était 20 miles nautiques.
Monsieur Alexis MASLOW prend ensuite la parole. C'est un diplomate russe qui travaille depuis 30 ans à l’ONU. Il est arrivé depuis une semaine à Gaza. C'est un diplomate endurci qui est intervenu dans des zones particulièrement conflictuelles : Irak, Bosnie, Timor Est, Sahara occidental. Bien que les employés des nations unies soient frustrés par le non respect des résolutions de l'ONU par l'État d’Israël, il y a, selon lui, des raisons d'espérer : par exemple, le niveau d'instruction à Gaza est le plus élevé du Moyen Orient : 98% des Gazaouis sont complètement instruits, soit un taux d’illettrisme de seulement 2%. La situation actuelle est très frustrante au regard du dynamisme économique des Gazaouis. Par exemple, Gaza est le cinquième exportateur de fleurs de la planète. Pour Alexis Maslow, la situation n'est ainsi pas humanitaire, mais politique. Sans cette situation, les Gazaouis seraient bien plus riches que bien des peuples sur la planète. Le diplomate insiste pour que l'ouverture des frontières ne se limite pas à Rafah (la frontière entre Gaza et l'Égypte)

Nous traversons ensuite Gaza City. Les infrastructures gouvernementales ont été touchées, un bâtiment colossal abritant un ministère est complètement détruit explosé. Les fils sortent de partout, il n'y a sans doute « plus rien à en tirer ». Notre groupe visite un stade aménagé par… la ville française de Dunkerque ! Les chars israéliens sont visiblement entrés sur le terrain, brisant les escaliers et les réverbères. Malgré cela, les jeunes Palestiniens ont réinvesti les lieux et se livrent à une partie de foot à l’heure où l’on visite le stade.
Cette « promenade », qui n'a rien de touristique, nous permet de prendre pleinement conscience des cibles visées par l'armée israélienne : les infrastructures gouvernementales et les installations nécessaires à la vie courante : réverbères, usines de traitement de l'eau, commissariats, stades, zones économiques, etc.

Visite de l'UNWRA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East)

Nous rencontrons un sacré personnage, Monsieur John Ging, le directeur, qui ne laisse personne indifférent par son franc parlé. Il a du mal en effet à contenir sa colère quant à la situation de Gaza. Nous allons parfaitement le comprendre ensuite en visitant les entrepôts de l'UNWRA.

John Ging aborde d’emblée la question de la justice et de la vérité. Il nous rappelle que les Gazaouis sont des êtres « civilisés » et que nous devons nous préoccuper de la sécurité des populations civiles. Pour lui, les Gazaouis sont illégalement et collectivement punis à cause des agissements d'un tout petit nombre d'entre eux. Le directeur de l'UNRWA nous rappelle que les punitions collectives sont illégales au regard des conventions des Nations Unies et du droit international. De son point de vue, le dernier conflit est la preuve certaine d'un échec collectif. Des centaines d'enfants ont été tués, mais rien n'a changé positivement à Gaza.
Aujourd'hui, il y a un seul point de passage pour le matériel et la nourriture alors qu'il y en avait encore deux il y a trois mois.
Si les Israéliens ont dit vouloir détruire les infrastructures du terrorisme, ils ont détruit l'école américaine, l'infrastructure économique de Gaza, les bâtiments construits par l'Europe, des milliers de maisons ! Mais les tunnels eux sont encore là! Pourquoi ? Tous les éléments de viabilisation d’un futur État palestinien ont été détruits ! De même, plus de 400 enfants ont été tués. Pourquoi ? Les parents veulent obtenir une réponse, soit par la loi, soit par les armes.

Les pères et mères doivent avoir une réponse à la mort de leurs enfants, sinon c'est l'échec de la loi et la violence prédominera.

Actuellement, il y a un seul point de passage par où l’essence entre en très petite quantité.
Lorsque les pâtes, le riz, le papier sont rationnés, est-ce une question politique ou de sécurité ?
Il faut lutter pour avoir du papier. Le Hamas pourrait avoir le papier, donc l’UNWRA ne peut pas obtenir du papier pour les manuels scolaires des enfants. Logique implacable !
« Nous sommes contre le terrorisme mais s'il n'y a plus de manuels scolaires, comment combattre alors le terrorisme sans possibilité de diffuser le savoir ? ».
Monsieur Ging rappelle avec force que le droit international doit être respecté. Combien de fois a t’on entendu dire que le Hamas se servait de la population comme « bouclier humain » ? Il semble pourtant bien qu’ici ce soit bien les Israéliens qui aient tiré sur des civils. Pour le directeur de l’UNRWA, les individus doivent répondre de leurs faits. On ne
doit ainsi pas tirer sur les otages mais sur ceux qui détiennent les personnes en otage. Le gouvernement israélien doit donc s'expliquer. Tout le monde parle de politique concernant la situation au Proche Orient, or il s’agit de parler de droit! La population de Gaza a des droits, et elle n'a pas à supplier pour les faire respecter. C’est cette réalité qui entretient le terrorisme.
Et les civils israéliens souffrent également, car il y a plus de roquettes aujourd’hui qu’avant l’offensive israélienne. Pour John Ging donc, « succès zéro » de l’agression israélienne.

Après ce « coup de gueule », il nous rappelle les missions de l'UNWRA : couverture des besoins alimentaires, scolarisations des enfants (200 000 enfants et 8000 enseignants), programme de construction de logements, gelés depuis le blocus, programme d'emplois provisoires (10000 personnes) pour permettre d'avoir des moyens supplémentaires pour aider les familles à vivre dans la dignité, programme de micro-finance pour les projets de microentreprises sous forme de prêts remboursables, service social pour les plus démunis, service minimum de santé (1500 personnes pour 20 centres de santé). Depuis 8 ans, l’UNRWA assure également un programme d'urgence (alimentaire, argent, emploi). 80% des réfugiés palestiniens dépendant de l'assistance de l'UNWRA et ce chiffre s'est élevé à 90 % ce mois ci, les fonctionnaires gazaouis n’ayant entre autre pas perçu leur salaire. Les habitants de Gaza reçoivent une aide alimentaire sous forme de produits de première nécessité, sévèrement contrôlés par Israël. Il existe une liste de 14 denrées (farine, huile, sucre, riz, etc.). Au moment même où monsieur Ging nous parle, certains camions de denrées alimentaires se voient refusés l’accès à Gaza. Depuis 8 ans, les Gazaouis vivent avec cette ration alimentaire d'urgence.

Le directeur de l’UNRWA nous rappelle ensuite les engagements internationaux en décembre 2005 et les transactions entre Israël et l'Autorité Palestinienne concernant le retrait des colons de la bande de Gaza, qui laissaient espérer alors la construction d'un état palestinien en juin 2006. Le résultat des élections à Gaza a tout changé : la population a voté et la communauté internationale n'a pas accepté son choix. Belle leçon de démocratie de la part de l’Occident !
Le habitants de Gaza ne peuvent pas aller en Cisjordanie. La population de la Cisjordanie souffre également, avec plus de check points israéliens, plus de colonies, etc.

« Les gens ordinaires souffrent partout ! »

Si l'UNWRA existe encore après 60 ans, c'est un échec politique! Mais l’agence des Nations Unies reste indépendante et elle est critiquée pour cette indépendance.
Il y a deux semaines, le Hamas a volé un stock de nourriture. L'UNWRA a alors exigé le retour des produits et le Hamas a tout ramené après s’être engagé à ne pas recommencer.
Pendant les bombardements, le personnel de l'UNWRA est resté. 50 000 personnes se sont alors réfugiées dans ses écoles.

Monsieur Ging insiste sur le fait que les enfants de Gaza sont éduqués à la tolérance alors que les Israéliens ne respectent pas les accords internationaux, ni même les résolutions de l'ONU.
Comment alors rester crédible ? Il prend comme exemple le fait que John Kerry est venu dans la Bande de Gaza en toute tranquillité. Si on prenait John Kerry en otage, combien de prisonniers palestiniens seraient libérés ? Pour le directeur de l’UNRWA, les Gazaouis n'ont pas de haine en eux.
Mince lueur d'espoir : Bernard Kouchner a admis dans un article du « Hérald Tribune » que le droit international n'était pas respecté à Gaza, au Darfour et au Congo.

Monsieur Ging demande à ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies prenne ses responsabilités pour séparer le politique du droit international. Il conclut en rappelant que nous fêtons le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Or s'il n'y a pas d'état de droit, les êtres humains devront recourir à la force.
J'adhère à cette conclusion. En effet, la question est bien celle de l'égalité des droits humains entre Palestiniens et Israéliens sur cette petite portion de territoire.

Visite des hangars de l'UNWRA

Nous visitons ensuite les locaux de l'UNWRA qui ont été bombardés lourdement pendant l’incursion de l'armée israélienne.
Une directrice, nous explique la journée infernale qu’elle a passée sous les bombardements.
L'UNWRA a été pris pour cible. Les hangars contenant des stocks d'aliments, de papiers, de médicaments ont été détruits. Il y en avait pour environ un million de dollars. Bien que protégés dans les abris, les employés ont du sortir pour dégager des éclats de bombes aux phosphores encore fumants au risque sinon que ceux-ci ne fassent exploser des camions citernes remplis d'essence sous lesquels se trouvaient les employés.
La directrice nous montre un impact d'obus qui n'a pas explosé mais qui aurait pu faire explosé les stocks d'essence se trouvant dessous. On imagine alors l'impact sur le quartier.
L'UNWRA est au coeur d'un quartier peuplé. Nous comprenons la colère de ces « agents de la paix », victimes eux aussi de l'armée israélienne.
Pour ma part, je comprends cette stratégie d'Israël comme une volonté de chasser les organisations internationales afin d’étrangler la population palestinienne pour qu'elle fuit Gaza.

Pause repas

Notre temps est très limité. Pas question de traîner même si nous prenons plaisir à contempler la mer pendant la pause repas. Nous constatons d’ailleurs que sur la mer comme sur la plage,
il y a peu très peu d'activité.
Parmi les clients, il y a un groupe de jeunes femmes dont l'allure très occidentale contraste avec les femmes que nous rencontrons depuis notre arrivée à Gaza. Elles aussi profitent du soleil en mangeant des glaces.

Visite au CCF

Nous sommes ensuite invités au vernissage d'une exposition organisée au Centre Culturel Français. C'est le seul centre européen qui reste, le centre culturel britannique ayant plié bagage pour le moment. L'espace est impressionnant par son calme et sa fraîcheur, c'est une bâtisse située dans un grand jardin, épargnée par les destructions.
Nous sommes accueillis par une centaine de personnes, dont la moyenne d'âge est de 20- 25 ans. Cela ne me change guère de la mission locale à Aubervilliers, à la différence que je sens ici un enthousiasme, je dirais une joie de vivre, que j'aimerais parfois ressentir plus souvent chez « nos jeunes » en France.
Des jeunes femmes nous lisent des textes de leur expérience du conflit qu'elles viennent de subir. Salma Ahmed, dont les témoignages figurent dans le livre GAZA, lit son texte. Je vais pouvoir rencontrer cette jeune fille dont le texte m'a fortement ému.

Voici un extrait en exclusivité:

Chers amis,
Hier, je ne vous ai pas écrit pour vous dire que les Israéliens ont bombardé la station de la radio Al-Aqsa, qui se trouve dans un bâtiment au milieu de Gaza, à cinq heures du matin…
Ma soeur a quitté la maison avec ses enfants car ils se trouvaient dans un quartier très dangereux. Ils vivent chez moi depuis avant-hier. Je souffre de voir mes nièces vivre la même enfance que moi. Elles posent sans cesse des questions sur ce qu'il se passe autour de nous depuis des jours. Ma nièce de 5 ans voulait dessiner. Elle a fait des fleurs et des animaux.
Elle a entendu une explosion et a décidé d'ajouter un soldat israélien. Ne les ayant encore jamais vu, elle m'a demandé comment ils étaient.
« Imagine-les », lui ai-je répondu.
« J'imagine qu'ils ne sont pas beaux! »
« Et elle a dessiné un soldat comme un monstre portant ses armes et a enchaîné: « Pourquoi ces soldats ne nous aiment pas ? Pourquoi ils ne rentrent pas chez eux ? Pourquoi ils détruisent nos maisons ? Pourquoi ils ne nous laissent pas jouer? »

Salma Ahmed, le 5 janvier 2009.

Cette jeune femme est professeur et a enseigné 2 ans dans un lycée de Caen. Elle est revenue à Gaza non sans difficulté. Le consulat de France est intervenu pour qu'elle puisse revenir. Je lui parle. La rencontre est assez émouvante. Je fonds en larmes et elle me console, gênée par mes larmes.

Eh oui, je tiens à en parler parce que je suis frappée par la pudeur de ces personnes qui jamais ne nous font porter le fardeau de la situation terrible dans laquelle ils se trouvent !
Le maître des lieux lui aussi est plein d'allant et souhaite que le CCF reste un endroit vivant. Il constitue une bouffée d'air pour ces jeunes gens qui peuvent consulter Internet, emprunter des livres à la médiathèque ou encore apprendre une nouvelle langue, fenêtre sur le monde.

Nous offrons deux exemplaires de « ELLE et LUI », ouvrage de photos de jeunes couples mixtes réalisé par des collégiens d’Aubervilliers. Il nous invite à continuer d'envoyer des
artistes de France à Gaza, même si les démarches sont difficiles.
J'ai réellement envie qu'on puisse travailler avec ces jeunes de Gaza dans le cadre de la Coopération décentralisée, qu'on mette en place des échanges de correspondance par Internet
et que l’on suscite des passerelles avec nos artistes locaux. (Voilà mes doléances, Monsieur le Maire! )
Je suis fière que nous ayons un tel espace dans une zone qui pour beaucoup est une sorte de no man's land! Pourtant il y a du monde, et bien vivant !

La nuit tombe très vite en ce moment. Vers 18h 30 il n’y a déjà presque plus de lumière. La zone de l'hôtel est peu éclairée, mais avec quelques uns, nous partons voir le petit port de
pêche tout proche. Nous rencontrons trois gamins qui vendent des chewing-gums et qui nous accompagnent au port. Ils parlent arabe et veulent des pièces mais nous n'avons pas grand chose sur nous! Question toujours compliquée, est-ce qu'il faut donner des pièces ou non ?
Ils veulent se faire prendre en photos, (ça c'est plus simple!). Nous découvrons le lendemain que deux d'entre eux sont sur les photos qui illustrent les documents de communication sur les activités de l'UNWRA avec les enfants. Rencontre chaleureuse qui donnent envie d’essayer de changer concrètement la vie de ces enfants !
Le port est très modeste en raison de la zone de pêche très limitée et qui a comme effet d'épuiser la réserve halieutique, privant aussi les pêcheurs de revenus (mais je ne le saurai qu'à mon retour en lisant l'article extrait du rapport de l'OCHA). Nous voyons au loin les lumières du port de la ville israélienne d'Ashkelon, qui, lui, a un très gros fret.

Dîner ensuite avec le maire officiel de Gaza City.
Nous apprenons que suite à différents problèmes entre l'Autorité Palestinienne et le Hamas, un deuxième conseil municipal a été formé par le Hamas. Il y a ainsi deux conseils municipaux ?!

Voyage à RAFAH

Le lendemain, réveil matinal et départ pour la zone de RAFAH, située à la frontière égyptienne. La ville de Saint Denis est jumelée avec Rafah.
Certains d'entre nous ont entendu des coups de feu mais personne ne sait d'où ça venait. Nous longeons cette splendide côte méditerranéenne. Les plages sont quasiment désertes. Nous observons les anciennes colonies israéliennes. Nous passons devant Khan Yunès.
Tous ces noms étaient, jusqu'à peu, si loin de mon quotidien ! Dans le denier film du réalisateur israélien Ari Folman, « Valse avec Bachir », qui a tant défrayé la chronique, il est
question de Khan Yunès.
Nous constatons que des programmes de logement sont restés inachevés fautes de matériaux.
Rafah est séparé de l'Égypte par un épais mur entouré de barbelés. Je n'imaginais pas que l'Égypte était si proche. A proximité des tunnels, toutes les habitations sont totalement
détruites.

Nous descendons de notre camionnette et nous remarquons les endroits qui sont susceptibles d'être des entrées de tunnels. Ceux-ci ont une fonction vitale pour les Gazaouis. Ils leur permettent d'acheminer des vivres, des denrées que les commerçants revendent, des matériaux de construction, etc. C'est aussi une bouffée d'air frais! Certains peuvent parfois sortir pour quelques jours en Égypte.

Tout cela me fait penser à l'économie de guerre qu'ont pu connaître nos grands-parents : marché noir et ticket de rationnement.
J'aime à penser que malgré tous les obstacles, tous les murs, toutes les barrières, il y a toujours moyen de passer à travers!
C'est ce que je me dis également quand je reçois des immigrés sans papiers, malgré tous les
obstacles que nos sociétés gâtées leur dressent. Rien ne pourra arrêter « le désir d'ailleurs » et la nécessité de vivre malgré tout de l’humanité.
Retour à l'hôtel.

Rencontre avec l'association ACTED.


Nous sommes accueillis par une longue délégation de paysans qui semblent très émus par notre présence. Ce sera sans doute les seules vraies « personnes » que nous pourrons rencontrer dans le temps qui nous est imparti. ACTED est une ONG (organisation non gouvernementale) qui a des programmes dans le monde entier.
Nous assistons à une distribution de légumes et de fruits par ACTED. C'est un programme spécifique où des paysans organisés en coopérative produisent des légumes qui sont ensuite distribués, permettant d'employer les agriculteurs et d'assurer un complément alimentaire au programme de l'UNWRA.
Nous sommes impressionnés par la taille et la qualité des légumes. Effectivement, sous ce climat tout pousse ! Comme je reviens d'une mission dans le sud de la Mauritanie où l'accès à l'eau et le maraîchage sont difficiles, je me dis qu'au moins ici ils ne manquent pas d'eau !
Pour l'instant, il y en a suffisamment même si la ressource en eau est très fragile dans la bande de Gaza et l'eau est plutôt une question de « paix ».

En sortant, nous percevons des coups de feux et nous ne sommes pas rassurés. En fait ce sont des policiers qui tentent de faire revenir le calme suite à l'interpellation d'un individu. Des coups de feux en l'air, ce n'est pas dans nos habitudes, même en Seine Saint Denis !
Rencontre avec l'organisation « Palestinian Centre For Human Rights » (PCFHR) : le délégué de l’ONG rappelle le processus de démocratisation qui existe depuis 4 ans, avec les élections présidentielles, législatives et municipales. Depuis lors, il y a deux gouvernements :
un à Ramallah et un autre à Gaza, chacun nomme de nouveaux maires, ceci en raison de la détérioration de la situation.

Trois facteurs expliquent cela :

1. L'escalade de la violence des soldats israéliens, la multiplication des check points en Cisjordanie, la guerre totale contre Gaza,
2. Le positionnement de la communauté internationale pris après les élections législatives de 2005, qui au lieu d'encourager le processus de démocratisation a conduit au boycott de la Palestine.
3. La lutte interne entre les Palestiniens : en 2007, la liste des victimes de la lutte interne entre Palestiniens est plus importante que les victimes des balles israéliennes.

Mais cette lutte ne désengage pas la communauté internationale de ses responsabilités. Le gouvernement d'Union Nationale a été boycotté. Aujourd'hui un dialogue sérieux interpalestinien reprend au Caire. Parallèlement, la communauté internationale promet beaucoup d'argent, mais s'il n'y a pas un réel changement, comme la levée du siège de Gaza, cela ne servira pas à grand-chose. De la même manière, le résultat des élections israéliennes est une
poussée très à droite de l’échiquier politique israélien. Pas encore assez du point de vue de la communauté internationale pour qu’elle prenne conscience de ses responsabilités ?
Qu'est-ce qu'Israël a offert à Mahmoud Abbas en échange du processus de paix? Pour lui, les Israéliens veulent la terre palestinienne sans les Palestiniens! Tel Aviv veut faire durer le processus de paix pour continuer sa politique de colonisation dite du « fait accompli ».
Selon le délégué du PCFHR, le dialogue inter palestinien doit être soutenu par la communauté internationale et le choix du peuple palestinien doit être respecté.
Jean Philippe Magnen demande quelles sont les activités du centre depuis la guerre. Est-ce qu'il existe des réseaux des droits de l'homme de chaque côté des frontières ?

Le centre apporte une assistance juridique aux victimes en Palestine et en Israël. Des poursuites ont été lancées contre sept membres de l'armée et deux ministres. Le délégué ne compte pas sur la justice israélienne dont il doute de l'impartialité. Le centre enquête sur les cas de violation des droits de l'homme. Il y a des enquêteurs sur le terrain et les enquêtes sont ensuite rendues publiques.
Autre question : y a-t-il des militants sur le terrain et quelle est la place faite aux femmes? Il existe une unité spéciale par rapport aux droits des femmes, et deux ou trois autres centres de défense des droits de l'homme à Gaza.
Sur les cinq chefs d'unité de leur ONG, deux sont des femmes.
Parmi les 600 observateurs aux dernières élections législatives palestiniennes, la moitié était des femmes. Voici un exemple à suivre.

Pour conclure, le délégué PCFHR estime que le droit est sacrifié pour les intérêts des puissances. Les palestiniens n'ont pas beaucoup d'espoir mais il faut continuer à les aider. Il y a beaucoup de frustration mais il faut garder espoir.
J'essaie aussi d'être optimiste et je me dis qu'en matière de relation internationale, tout peut changer très vite!
Mon esprit décroche, j'aimerais passer plus de temps à me mêler à la population. Nous regrettons tous de n'avoir pas eu le temps de marcher dans les rues.
Il faut quand même le dire la vie est là, il y a de l'activité dans les rues, il y a des commerces,
les écoles sont ouvertes...

Nous passons visiter l'hôpital Al Quds du croissant rouge islamique (Jérusalem)
Devant l'hôpital, il reste des carcasses d'ambulances. Dans la façade, on peut voir des trous d'obus et de bombes. Nous pénétrons dans un hôpital éventré avec de nombreuses salles détruites, (déjà des nouveaux lits sont arrivés), puis nous rejoignons un second bâtiment complètement détruit, le foyer de l'hôpital, c'est à dire la cuisine et une salle de théâtre où le CCF a l'habitude de produire les spectacles.
Le médecin qui nous reçoit nous explique la vie de l'hôpital pendant les bombardements et les difficultés pour les équipes étrangères de venir les aider, par exemple, l'association « help doctors » de Lille qui a réussi à entrer dans Gaza sous les bombardements.
Il évoque un détail qui lui tient à coeur et qui retient mon attention : le théâtre a été détruit ainsi que les fauteuils dont les tapisseries ont été confiées à des handicapés pour leur donner des revenus (petite leçon d'économie solidaire).
Pendant notre visite à l'hôpital du Croissant Rouge à Gaza City, dévasté, j'ai ramassé un dépliant écrit en arabe mais illustré qui m'a permis de comprendre qu'il mettait en garde les enfants de jouer dans des décombres ou des gravats au risque de sauter sur une roquette, une bombe non explosée. Triste réalité des lendemains de conflits!

Le soir, nous rencontrons les femmes du conseil municipal :

C'est une situation complexe ! Elles représentent le conseil municipal formé par le Hamas.
Elles sont trois, dont une complètement voilée. Elles sont accompagnées d'un conseiller. Nous nous présentons. Toutes sont très diplômées, architecte, ingénieur, etc. D'entrée de jeu, l'une d'elle tient à souligner qu'elles ne sont pas des « terroristes ». Elle fait ensuite référence à la Révolution française et à l'action des femmes révolutionnaires qui vendaient leurs bijoux pour soutenir la révolution. Ces conseillères municipales n’en feraient pas moins.
Nous ne sommes pas à l'aise. Le décalage à ce moment précis est trop important.
Quels sont les services publics rendus aux femmes ? Centres culturels, programme de sensibilisation à l'environnement, nouveau programme d'aide psychologique aux femmes et aux enfants, artisanat, centre de récréation pour écoliers qui se rendent à tour de rôle à l'école (par ½ journée) et où sont développées des activités de poterie, de chant, de jeux, etc. Leurs moyens sont très limités.
Gaza est la première ville de Palestine à mettre en place un « petit parlement » pour les enfants. Cette expérience a été reprise dans d'autres villes arabes.

On voit bien que les préoccupations concernant la jeunesse et les femmes de Gaza rejoignent celles de nos villes!
Nos interlocutrices souhaitent savoir ce que nous mettons en oeuvre en France pour les femmes afin qu'elles puissent s'inspirer de nos expériences. Est-ce que nous avons quelques choses à leur apprendre ? Je ne suis pas sûre. Ce dont elles manquent ? Des moyens et de la liberté.
Je pose une question provocatrice : est-ce qu'elles pensent qu'un état binational laïc est possible ? Pour elles, c'est impossible ! Sans religion, point d'état ! Évidemment, je connaissais la réponse, comme me le fait remarquer notre interprète visiblement irrité par ma stupidité!
J'ai posé la question, parce que c'est l'idée exprimée par une jeune artiste gazaouie, qui témoigne dans « Gaza », de son désir d'un état laïc binational. Je voulais me faire l'écho de cette jeune femme faisant entendre un autre son de cloche dans lequel je me reconnaissais bien. Nous pensons que le conseiller qui les accompagne est là pour contrôler leur propos !

Une autre partie du groupe s'est entretenue avec le responsable du réseau d'assainissement. La question de l'eau et de l'assainissement a été prégnante dans nos rencontres. Les bombardements ont détruit en partie le réseau d'assainissement, provoquant des pollutions de la nappe phréatique, qui, par ailleurs, est fragile en raison de la présence de la mer et des risques de salinité, ce qui peut la rendre impropre à la consommation.

Dernière soirée à Gaza !

Ce soir, j'entends les coups de feu vers minuit! Je vais à la fenêtre mais je ne vois rien! Je lis aux informations que Rafah a été bombardé. Nous étions déjà partis. J'apprends qu'à Jabaliya, il y a eu deux morts. Tout cela semble complètement irrationnel et lointain !

3ème Jour : Jeudi 5 mars

On échange sur les tirs de cette nuit, l'un d'entre nous a vu des éclairs de tirs sur la mer.
Retour vers la frontière
Nous sommes émus de laisser ces enfants, ces femmes, ces hommes qui, malgré la situation,
restent debout et bien vivants !
Les personnes qui jouaient aux dames sont encore là! En fait ce ne sont pas tout à fait les mêmes règles que celles que nous connaissons selon le Maire de Lamballe qui se laisse prendre au jeu!
Nous réempruntons le tunnel à ciel ouvert, j'entends pourtant des tirs, ça ne me rassure pas mais je ne vois rien absolument rien.

Même « cirque » pour passer : cette fois, nous passons chacun notre tour dans un sas, scannés les mains en l'air. Quelques questions d'une voix qui sort d'un micro. Je lève les yeux et je vois d'où vient cette voix. Cela me rassure, j'ai du mal à parler dans le vide. « Big brother is watching you! »
Nos valises sont fouillées. Scène comique : l'un d'entre nous à des embauchoirs dans ces chaussures. Il doit alors sortir ces chaussures de sa valise, et ensuite du sac qui les protège. Et oui, même en mission on peut prendre soin de ses chaussures ! Ensuite, notre compagnon de route doit sortir ses embauchoirs. Tout cela prend bien entre 20 et 30 minutes. Moins drôle, deux d'entre nous sont soumis à des vérifications plus personnelles, avec plusieurs séries de
questions. Nous sommes tendus. Pour un peu nous serions pris pour des espions.
Nous constatons que des familles palestiniennes sortent de Gaza, visiblement à la suite de règlements de compte entre le Hamas et le Fatah.

Malgré tous ces salamalecs, nous sortons tous en peu de temps et nous partons à nouveau pour Ramallah. La journée sera consacrée à rencontrer des ministres de l'Autorité Palestinienne. Ce sont certainement des figures de la lutte palestinienne. Moment laborieux, la fatigue commençant à se faire sentir. Les bâtiments de l'Autorité Palestinienne sont plutôt austères.

Rencontre du ministre des collectivités territoriales : Monsieur Ziad Al Bandak

Monsieur Josselin interroge le ministre sur les conséquences des négociations de Charm el Cheikh :
« Quelle part le ministère pourrait prendre à ces négociations ? Par ailleurs, à Gaza, comme certaines mairies sont dirigées par le Hamas, comment éviter que la population ne soit pas punie pour cela? »
Le ministre répond : il y aurait 3 milliards de dollars consacrés à la reconstruction.
« Qu’en est-il de l'occupation? »
Après les élections de 2006, les relations sont devenues difficiles avec Gaza. Il reste néanmoins possible de contacter directement certaines municipalités. Le Hamas domine la situation politique et a demandé la démission du Conseil Municipal. Le ministre parle d'un « coup d'état ». Malgré cela, le programme avec la Banque Mondiale se poursuite à Khan Yunès, Rafah, Gaza. Ce programme finance par exemple le fuel pour les déchetteries, la construction de murs de soutien, etc.

Pour le ministre l'objet est d'arriver à un état palestinien au regard des accords de juin 1967, à l’issue de la « Guerre des six jours ».
Le dialogue entre l'OLP, le Hamas et toutes les factions doit permettre d'arriver à un gouvernement d'entente national pour éviter qu'Israël ne soulève le prétexte du désaccord pour ne pas faire un pas en direction de la création d’un État palestinien viable.
Je dois dire que ce n'est pas la partie la plus intéressante. Je commence en fait à être lessivée par le rythme des réunions. Les échanges se font en Anglais et en Arabe avec un traducteur, ce qui n’est pas de tout repos.

Le ministre des Affaires Étrangères, Monsieur Riad Malki

Monsieur Malki ne s’est pas encore rendu à Gaza depuis les bombardements. Il revient tout juste de la Conférence de Charm el-Cheikh, à laquelle 72 pays ont participé, dont tous les ministres des Affaires Étrangères des pays arabes afin de soutenir le dialogue inter palestinien.
Charles Josselin interroge le ministre sur son espoir d’une éventuelle levée du blocus. Le ministre répond que les palestiniens ont besoin d'un soutien. Certes !
En 2002, il y a eu l'incursion de l'armée israélienne en Cisjordanie, dont à Ramallah. Cette incursion a détruit l'infrastructure mise en place par l'Autorité Palestinienne. Il y a eu également le massacre de Jenine.
Le ministre palestinien parle du travail méthodique des Israéliens pour empêcher la croissance naturelle des capacités des Palestiniens et affaiblir l'Autorité Palestinienne afin ensuite de faire valoir que celle-ci ne peut constituer un partenaire viable pour négocier.
En Égypte ont lieu actuellement les négociations pour lever le blocus et renforcer l'unité palestinienne afin d’affronter la situation. L’heure n’est pas aux divisions ! La réunion du 26 février 2009 entre les différentes factions palestiniennes est à ce propos encourageante.

Une nouvelle rencontre est prévue le 10 mars 2009.
L’échéance est fixée fin mars pour se mettre d'accord sur un gouvernement d'entente qui représenterait tous les Palestiniens afin d’obtenir la levée du blocus.
Novembre 2007, le Processus d'Annapolis prévoyait la fin de la politique d'implantation des colonies. En 2008, il y a 17 fois plus de colonies. Quel succès ! Ceci démontre qu'Israël n'a pas du tout la volonté de mettre fin à cette politique pour permettre la construction d’un état palestinien viable doté de tous les instruments de la souveraineté.

Charles Josselin pose alors les questions suivantes :

« La communauté internationale fait preuve de trop d'indulgence et se rend ainsi complice du comportement d’Israël. L’élection de Barack Obama aux États-Unis a suscité des espoirs :
est-ce que l'intervention de Mme Clinton donne l'impression d'une volonté plus forte de la diplomatie américaine de régler réellement ce conflit, ou bien n'y a-t-il aucun changement? »

Réponse du Ministre :

« Le rôle de l'Union Européenne? Malgré la responsabilité d'Israël, l'Union Européenne a décidé de rehausser ses accords de coopération avec Tel Aviv, le 8 décembre 2008. Cette décision a été prise pendant la présidence française de l’Union. Durant la première moitié de l’année 2008, la présidence slovène avait au contraire condamné les implantations israéliennes. La Grande Bretagne avait également décidé d'interdire l'importation de produits
venant des colonies et des sociétés traitant avec les colonies. Israël a de plus démoli des maisons à Chafat, près de Jérusalem (Siloam).
Prévisions : 73 000 unités de logements en Cisjordanie sont prévues par Israël, soit 290 000 nouveaux colons, qui viendront s'ajouter aux 200 000 colons déjà présents, plus les 289 000 colons de Jérusalem Est. Ces transferts de colons en provenance d'Israël dans les territoires de Cisjordanie sont un frein certain à l'établissement d'un état palestinien viable. De plus, le prochain gouvernement israélien (droite alliée à l’extrême droite) ne voudra pas d'un état
palestinien indépendant. Comment pourrons-nous traiter avec ce gouvernement ? La communauté internationale devra assumer sa responsabilité et vraiment travailler pour la paix dans la région. »
Constat sombre, néanmoins le ministre se montre optimiste quant à la nouvelle administration américaine.
Hillary Clinton a rencontré le 1er ministre de l'Autorité Palestinienne, Salam Fayyad. Le ministre nous fait part de sa crainte que l'opportunité de l'élection d'Obama disparaisse avec l'élection de Benyamin Nétanyahou. Il ajoute que l'Union Européenne doit conserver une place importante dans l’élaboration de la paix dans la région.

Monsieur le premier ministre : Salem Fayyad

Avec la conférence de Charm el-Cheikh, la communauté internationale a démontré qu'elle était présente pour aider la Palestine et qu'elle était prête à donner plus que ce qui était demandé. Néanmoins de nombreux États se sont demandés si ce qu'ils allaient payer n’allait pas une nouvelle fois être détruit par Tsahal. Va-t-on en finir avec le cycle
construction/destruction et réussir à faire cesser l'occupation israélienne. Il y a eu un vote de confiance et de reconnaissance qui a amené les bailleurs de fonds à transférer l'argent directement à l'Autorité Palestinienne.
Le mécanisme de reconstruction de Gaza : la communauté internationale a dit clairement qu'elle voulait aider l'état palestinien. Or le blocus de Gaza risque de ruiner cette reconstruction. La Bande de Gaza est une prison à ciel ouvert. Israël en la matière ne respecte absolument pas le droit international.

L'Union Européenne et la communauté internationale doivent bien considérer qu'Israël est un État comme les autres et qu'il doit appliquer les décisions de l'ONU et non les prendre comme de simples recommandations. Le premier ministre palestinien interroge l'Europe à travers nous. Pourquoi par exemple l'Europe a toujours son marché ouvert aux produits en provenance des colonies ? Lorsque l'Union Européenne se posera ce genre de questions, on observera sans doute un changement dans la politique Israélienne. Sans cela, Tel Aviv n’aura pas de raison de revoir sa politique à l’égard des territoires palestiniens. Sans compter qu’aujourd'hui, une société française construit un tramway à Jérusalem Est, entérinant de facto les colonies israéliennes illégales, Alsthom.
Quant à la nouvelle administration américaine ?

Il y a des raisons d'être optimiste car Obama et sa secrétaire d'État Hillary Clinton ont l’intention de changer de cap par rapport à l’administration Bush sur le dossier du Proche Orient. La nouvelle administration a demandé l’arrêt des incursions israéliennes dans les territoires palestiniens ainsi que l’arrêt des colonies. Hillary Clinton a souligné l’importance du respect de la feuille de route des DEUX parties. Il faut également permettre aux Palestiniens de se déplacer entre Gaza et la Cisjordanie. La Palestine a fini par reconnaître Israël, maintenant Israël doit faire de même. Pour le 1er ministre, le dialogue inter palestinien est possible et nécessaire. C'est une priorité.
Ce soir, c'est ballade dans Ramallah. Nous atterrissons dans un bar restaurant tenu par un artiste. Ses oeuvres font partie intégrante du décor. C'est magnifique! La clientèle est très diversifiée, l'alcool est autorisé, il y a une bonne ambiance, ça fait plaisir à voir !

Vendredi 6 mars : visite de Beit Jala

Dans le cadre de ma mission, étant élue à la coopération décentralisée d’Aubervilliers, il était indispensable que je rencontre le Maire de Beit Jala, municipalité située en Cisjordanie avec laquelle nous avons une coopération depuis presque 10 ans. Cette coopération tourne essentiellement autour d’échanges de jeunes.
Départ très matinal. Nous laissons le groupe pour cette visite. Ils auront la chance de faire une grasse matinée, la seule du séjour, les veinards !
Le contraste entre les municipalités de Gaza et de Beit Jala est frappant. A Beit Jala, j’ai soudain l’impression d’être dans un paisible village du sud de la France, voire de l’Italie. Il faut préciser, Beit Jala est une commune plutôt « riche », proche de Jérusalem. Bien qu'en 2000, elle ait subi une l'incursion de Tsahal, pendant l'Intifada, qui a laissé des traces dans les têtes et sur le terrain.

Ma visite fut brève mais chaleureuse. Monsieur Raji ZEIDAN, maire de Beit Jala, me reçoit le vendredi 6 mars à 8h30.
Il rappelle sa satisfaction de la relation tripartite qui s’engage entre Aubervilliers, Beit Jala et Iéna, ainsi que son désir de venir nous voir en France.
Je lui fait part à mon tour de notre visite à Gaza et lui demande s’il s’y était rendait récemment. Il avait l’habitude de s’y rendre chaque mois jusqu’aux bombardements. C’est primordial, dans le contexte actuel, de maintenir des liens entre élus de Cisjordanie et de Gaza.

Je fais part au maire de Beit Jala du projet de la Mairie d’Aubervilliers d’entreprendre des relations de « coopération » avec une ville israélienne. Il m’avertit d’emblée de la rapidité de notre projet. Le moment pour lui n’est pas du tout propice en raison du conflit avec Israël, ainsi que du manque de lisibilité entre les diverses forces politiques palestiniennes (Hamas, Fatah, etc.). A cela s’ajoutent l’approche des élections en Palestine et les récentes élections
israéliennes. De plus, il doit y avoir cette année des élections municipales dans les territoires palestiniens. Légèrement agacé, monsieur Zeidan nous conseille d’attendre la fin de l’année 2009.
Je lui fais part de notre rencontre avec Joséphine Lama, consultante, qui travaille avec l’université « Al Quds Open University ». Cette université se trouve à Beit Jala et à Bethléem.
Je lui expose le projet de campus universitaire à Aubervilliers qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives d’échanges. Dans un premier temps, des échanges avec nos lycées ou sous forme d’accueil de stagiaires pourraient facilement être mis en place.

Après nous avoir présenté les locaux de la mairie, rappelé les différentes visites d’élus d’Aubervilliers, évoqué sa rencontre avec le Pape Jean Paul II, Yasser Arafat, montré la galerie de portraits des maires de Beit Jala de l’époque ottomane à aujourd’hui, monsieur Zeidan nous emmène, Véronique Le Bihan et moi, faire le tour de sa ville.
Beit Jala est proche de Bethléem et comporte beaucoup d’églises catholiques, un séminaire, deux mosquées, des villas de riches émigrés partis faire fortune en Amérique latine. Cela en fait un site à l’attrait touristique indéniable. Piste à explorer !

La ville possède de nombreuses associations « society » qui oeuvrent dans différents domaines tant au niveau de l’éducation des femmes que de l’artisanat. L’artisanat est une source de revenus et tourne autour de la broderie ou de la sculpture du bois. Nous passons devant un collège qui enseigne en Allemand.
Le maire nous montre les nombreux oliviers dont on tire la fameuse huile de Beit Jala. Puis il nous emmène sur le chantier de la future bibliothèque, plus grande que la précédente, qui surplombe un jardin municipal où les habitants viennent pique-niquer, faire des barbecues,
(une idée à retenir, mettre des barbecues à disposition des habitants dans les parcs). Les jeux pour enfants sont maintenant non conformes et il serait intéressé pour que nous l'aidions à les changer.
Cette atmosphère sereine et la courtoisie de monsieur Zeidan ne sauraient nous faire oublier les traces de l'occupation israélienne. Nous n’avons pas pu rater le pont qui passe au dessus de son village et qui relie directement une colonie israélienne. Seuls les Israéliens sont autorisés à traverser ce pont qui leur offre un raccourci non négligeable.

Le « mur » qui surplombe le village de Beit Jala, un check point ! Il me montre un peu plus loin des immeubles C’est la colonie de Siloam, dans le prolongement de Jérusalem. Il m'explique que les terrains appartenaient à la commune de Beit-Jala et ont été annexés, sans autre forme de procès.

Note optimiste : près de la mairie, un groupe de pacifistes anti-colonialistes, composé de Palestiniens, d’Israéliens et d’Européens, attend pour partir planter des oliviers en signe de
manifestation contre l’érection du « mur de ségrégation » qui sépare Israël des territoires palestiniens.
Est ensuite venu le temps de la séparation afin de retourner à Jérusalem Est. Je prends quelques photos du mur détourné en certains endroits à des fins artistiques (comme jadis le
mur de Berlin tiens ?!) et discute avec mon chauffeur de taxi, Georges Hanna, né dans la région. Il vit à Jérusalem Est et possède une résidence secondaire à Beit Jala. Pour lui, Beit
Jala est à part en Cisjordanie. Il y règne un climat paisible de tolérance. Il est vrai que j'y serais bien rester quelques jours de plus ! Beaucoup de projets en perspectives !
Nous retrouvons le groupe au Consulat de France à Jérusalem.

Visite au SCAC, quartier de villégiature, très agréable.

Nous sommes reçus par une dame4 dont le nom m’échappe, mais qui a eu de nombreux postes au Moyen Orient. Nous nous tassons dans une ambiance studieuse à l’intérieur d’une petite pièce contrastant avec l'élégance grandiose du bâtiment.
Monsieur Josselin rapporte l'objet de notre mission à Gaza. La SCAC nous informe alors que la France serait candidate pour la reconstruction de l'hôpital AL-QUDS (2 milliards de dollars !), ce qui permettrait la reconstruction d'un bloc technique et l'achat d'équipements radiologiques. ACTED demande également de l'aide.
Monsieur JOSSELIN fait part de la réflexion sur un programme porté par Cités Unies France pour la bande Gaza. La dame du SCAC nous donne alors son analyse de la situation :

« La conférence de Charm el-Cheikh, a officiellement demandé à Israël de lever le blocus. En effet, en février 2009, il n’y avait que 58 camions à Kerem Shalom, tandis qu’en novembre 2008, il y en avait 70. Depuis la fin de la guerre, il n'y a plus d'essence, seulement du fuel lourd pour la centrale électrique. Les ONG ont des difficultés pour rentrer à Gaza (excepté 4 Cette dame est Madame Jacqueline COULON -LASCAUX – Attachée de Coopération sociale et
humanitaire Médecins sans frontière) Il y a des difficultés à faire rentrer l'aide humanitaire d'urgence et d’autres denrées telles que lentilles, pâtes, produits chlorés et papier (cela vient confirmer les propos du directeur de l'UNWRA à Gaza). Les Palestiniens souffrent plus d'indigence que de pauvreté. Ils ont été mis sous pression pendant 3 semaines. Une forte pollution de l'eau est également à constater en raison de l’éclatement des réseaux d'assainissement. Une équipe de l'Union Européenne a été envoyée à ce sujet. Les blessés hospitalisés restent en moyenne 48 h à l’hôpital, allant ensuite au centre de santé pour les soins. La situation à Gaza risque de se détériorer encore plus. »

La représentante du SCAC pense qu'il faudrait augmenter la coopération des villes avec la bande de Gaza.
La région Provence Alpes Côtes d'Azur (PACA) a fourni en 2007 une aide d'urgence via le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) pour les écoles de Khan Yunès. Le rééquipement de l'hôpital Al Quds, pour améliorer la qualité des soins, est une priorité absolue. Des lits ont été envoyés par le Secours islamique français. La Croix Rouge Internationale (CICR) est la seule à faire passer le matériel. S'il y avait des coopérations envisagées, le secteur privé aurait besoin d'un appui important : les entreprises ont besoin de liens techniques comme de formation, etc.
Les agences de Nations Unies ont bien du mal avec la crise économique à lever des fonds (pour l'instant, elles en sont à 20 % du montant des promesses). Ainsi les promesses financières grandioses de Charm el-Cheikh risquent d’accoucher d’une souris. En matière de financement, il y a trois grands mécanismes :

· Celui de l'Union Européenne, PEGASE (la France n'y participe pas)
· Celui de la Banque Mondiale : « Trace Fund »
· Celui du compte du trésor palestinien (utilisé par la France). Ce fond sert à payer les salaires des fonctionnaires (50% des fonctionnaires palestiniens sont à Gaza)

La reconstruction se fera également sous forme de prêts et de dons.
Notre interlocutrice nous rappelle que lorsqu'il y a eu un gouvernement d'union nationale, la communauté internationale a boycotté les ministres du Hamas (ce n’est pas la première fois que j’entends cela). Elle constate une évolution dans le discours d'Hillary Clinton sur le Hamas.
Par ailleurs, les Conseils Généraux du 93 et du 94 ont travaillé avec des ONG et avaient des contacts avec le Hamas.
La représentante du SCAC constate que le gouvernement de Sallem Fayyad n'exerce pas de contrôle sur la Bande de Gaza. Déjà avant la guerre, le gouvernement de Ramallah (Autorité Palestinienne) a voulu « pourrir » un peu plus la situation, ce qui explique ce contexte de « coup d'état ». En effet, en 2008, il y a eu une grève des fonctionnaires à Gaza qui ont ensuite été remplacés par des gens proches du Hamas, d'où le deuxième conseil municipal nommé par
le Hamas. Elle nous cite également l'exemple de l'approvisionnement des médicaments : le Gouvernement de Ramallah a demandé que tout passe par Ramallah, du coup cela a fragilisé les infrastructures médicales de Jérusalem Est qui ne pouvaient alors plus s'approvisionner qu'auprès des Israéliens. De même, l'Autorité Palestinienne a réprimé les manifestations contre Israël en Cisjordanie.

Raji Sourani et Moustapha Bargouti analysent la situation et prévoient la victoire du Hamas aux prochaines élections. Sur les 1300 morts de l'incursion israélienne à Gaza, seuls 40 appartenaient au Hamas. Ce dernier s’est montré de nouveau après la guerre pour contrôler la population et l'aide humanitaire. Selon notre interlocutrice, le Hamas n'est pas populaire dans la bande de Gaza, mais il n 'y a aucune solution de rechange.

L'Autorité Palestinienne a montré son incapacité à redistribuer l'argent : par exemple 35% du budget de l'aide sont passés dans la création d'une police ! Même si par ailleurs le rétablissement de l'ordre et de la sécurité était exigé.
Les Palestiniens n'ont plus beaucoup de repères, ce qui est du pain béni pour le Hamas. La représentante du SCAC pense qu'il n'y aura pas deux états, mais quatre! Gaza, Jérusalem Est,
La Cisjordanie et Israël. Quel programme !
Actuellement, Tel Aviv s’emploie à détruire les maisons de Jérusalem-Est afin d'y installer des colons. Notre interlocutrice nous explique que le territoire de la Palestine est découpé en Zones A, B et C.

-Zone A : contrôlée par l'Autorité palestinienne le jour. La nuit, les forces israéliennes reprennent le contrôle, d'où le laxisme par rapport aux colons qui en profite pour s'installer.
-Zone B : routes.
-Zone C : zones militaires et parcs nationaux.

J'aimerais en savoir plus !

80% du territoire de la Cisjordanie est occupé par les zones B et C. Il n'y a donc pas de territoire palestinien. Cette situation est comparable à celle de « Bantoustans » qui isolent les villages palestiniens les uns des autres. Actuellement, le nombre de nouveaux immigrants israéliens diminue.
Il y a eu une importante vague de Russes qui ont boosté l'économie israélienne, notamment dans le développement des nanotechnologies, puis une vague de migration éthiopienne, en difficulté d'intégration. Notre interlocutrice nous parle du phénomène de ces français du week-end, qui travaillent la semaine en Israël et rentrent en France chaque fin de semaine. De même qu’il y a des Français dans les colonies qui viennent du 93 et du 94, très actifs à Hébron.
Pour l'instant la communauté internationale n'a pas de « lisibilité » (elle cite Michel WARCHAWSKI, opposant israélien de longue date à la politique de colonisation deTel Aviv).
Nous avons du mal à prendre congé tant cette dame a encore beaucoup d'informations à nous donner. Elle a essayé à grand trait de nous brosser un portrait de la complexité de la situation.
Nous devons prendre congé afin d'avoir le temps de rendre visite au Consul de France

Visite du Consul Général de France à Jérusalem

La demeure est digne d'un consul : la vue de la terrasse donne sur le dôme de la mosquée, etc.
Madame « la SCAC » est ici ainsi que le jeune vice consul qui nous a accompagné à Gaza.
Monsieur Josselin présente notre mission : ils se sont déjà vus lors de notre premier passage à Ramallah. N'oublions pas que nous voyageons avec un ancien ministre chargé de la coopération décentralisée ! Le consul rappelle l'importance de la coopération décentralisée pour la coopération internationale. (Il faudra le rappeler à notre maire !) Il est plus important selon lui de coopérer directement avec les villes que l'Autorité Palestinienne. 2/3 des délégations culturelles ne peuvent plus entrer au CCF à Gaza. Des camions de pâtes ont été bloqués par les Israéliens (« politique des Macaronis »).

Charm el-Cheikh prévoit 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction ? Alors que le minimum ne rentre pas ? Hillary Clinton est intervenue contre les destructions des maisons palestiniennes. Il y a eu une véritable mobilisation internationale contre la destruction et l'expulsion des maisons de Jérusalem Est. Mais les colons font sans cesse pression sur le gouvernement d'Israël.

Le Fatah est totalement absent du conflit à Gaza. N’oublions pas que les forces de police palestiniennes ont réprimé les manifestations anti-israéliennes à Ramallah. Mahmoud Abbas ne s’est pas rendu en Cisjordanie depuis le début de l'année. Les élections palestiniennes sont prévues pour le 10 janvier 2010. Le gouvernement d'union est un des principaux bailleurs de fonds pour la reconstruction. Mais pour reconstruire avec qui ?
Autre question : est-ce que le Hamas est sorti gagnant de l’agression israélienne? Pendant l'incursion, il s'est protégé dans la population. Il y a encore des tirs de roquettes sur Israël. Les tunnels sont d’ores et déjà reconstruits. Il y a un mouvement dans la région en faveur du Hamas, mais, parallèlement, celui-ci a perdu de la popularité à Gaza, compensée néanmoins par une augmentation de son aura en Cisjordanie.
Pourquoi le Hamas aurait-il intérêt à rentrer dans un gouvernement d'union ? Sa reconnaissance internationale serait plus rapide! Il négocierait l’ouverture du point de passage de Rafah pour l'Égypte. Le Hamas gagnerait également de l’audience en Cisjordanie où il est encore faible.

En ce qui concerne la réforme de l'OLP, est-ce que le Hamas va en faire partie ?

-C'est une période de transition du côté israélien : le maire de Jérusalem est un jeune technocrate. Nous avons désormais le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël.
Mme Clinton a une attitude plutôt molle, mais à priori sa présence a limité les démolitions de maisons à Jérusalem Est. Bruxelles suspend sa politique de rehaussement des relations avec Israël.

Sur les rétorsions économiques contre Israël ?

-Il y a visiblement encore du chemin à faire. Par exemple, le tramway de Jérusalem est soutenu par la gauche et la droite françaises parce que Véolia et Alsthom risquent sinon le dépôt de bilan !

Le sentiment des Juifs français par rapport à Israël est par ailleurs très fort. En raison de l’histoire de l’antisémitisme en France, beaucoup sont exigeants et très attachés à l'État israélien.
Pourquoi cette impunité d'Israël ?

-Le Consul envoie 1200 télégrammes diplomatiques par an, ce qui paraît non négligeable !

Quel témoignage donner à notre retour ?

-Le peuple palestinien n'est pas abandonné. Sa résilience est assez admirable. Il est toujours debout. Il est par ailleurs primordial de faire venir de jeunes artistes palestiniens, pour que cette culture survive. Il est important de ne pas dissocier la question de Gaza de celle de la Cisjordanie si l’on souhaite un seul vrai État palestinien.

Fin de l’entretien.

Comment conclure après tout cela ? Le conflit israélo-palestinien s’accompagne de tant de passions, de crispations, de sous-entendus des uns et des autres qu’il semble plus inextricable que jamais. Pour l'instant, il y a un réel manque de lisibilité et de possibilité de prospective sur la situation.
Nous consacrons le temps qu’il nous reste à flâner dans Jérusalem. Nous commençons par «le mur des lamentations » of course. Il faut passer par des sas de contrôle électronique pour accéder à la place. C'est étonnant de voir toute cette technologie mélangée aux tenues traditionnelles des religieux. Comme ils disent dans les guides, « entre tradition et
modernité… ». Même les jeunes soldats peuvent se rendre en arme au lieu de prières.

Charmant !

Nous restons longtemps à contempler la ferveur des croyants. Trop tard pour accéder à la place de la mosquée. Nous nous rendons alors au Saint Sépulcre.
Mes amis m'avaient prévenue : « tu seras impressionnée par le lieu symboliquement fort ».
Malheureusement, je me suis éloignée de tout ça. En revanche, j'ai été impressionnée par le cosmopolitisme de l'endroit et j'ai rêvé à chaque destin singulier qui a poussé ces personnes à venir en Israël.

Retour pour le dernier repas dans Jérusalem.

7 mars, départ de Jérusalem

Tôt le matin, nous repartons pour la Jordanie. En effet, le pont d'Allenby, point de passage frontalier, ferme à 12 h. Ici on ne connaît pas la continuité du service public !
Tout se passe bien ! Nous voilà maintenant en Jordanie et nous retrouvons notre ami A.S
Nous décidons de passer la journée sur la Mer Morte avant de prendre notre avion pour Paris.
Pour ceux qui ne connaissent pas, en sortant du bain, on est tout salé mais aussi tout huileux !
L'atmosphère est détendue, il y a de la musique et les hommes dansent, me semble t-il le « Dabka ». Seuls les hommes dansent ! C'est moins bien du côté des femmes, elles ne peuvent pas se baigner en maillot de bains mais
au mieux avec des tee-shirts et un leggings ou un short (c'est ce que vivaient nos arrières grand-mères au 19ème siècle), au pire elles restent au bord avec leurs vêtements traditionnels.
En tout cas il n'est pas interdit aux étrangères de porter un maillot de bain.
Dernière visite de Amman pour admirer la ville à la tombée de la nuit.

Au revoir la Palestine et à bientôt!

Comment, en tant qu'élue du parti Vert, j'analyse la situation ?
Avant mon départ, j'ai lu régulièrement les articles de Michel WARCHAWSKI dans Siné Hebdo. J'avais besoin de l'éclairage d'une personne vivant en Israël et ayant un discours quelque peu en rupture avec l’opinion commune.
J'ai pu constaté sur le terrain, moi « néophyte » des conflits internationaux, malgré tout un peu au courant, ce que j’avais appréhendé dans mes lectures. (Je précise également que depuis des années, j'assume une permanence juridique où je reçois des sans papiers venus du monde entier. Certains recherchent de quoi nourrir leur famille, d'autres fuient des conflits locaux ou internationaux, tous recherchent une certaine forme de liberté.)

Ce que j'ai pu voir de la situation sur le terrain ressemble étrangement à une politique de colonisation rondement menée par l'État israélien à l'égard des Palestiniens. Et en matière de
colonisation, en France, on s'y connaît un peu. Je souligne cela parce que, indépendamment de l'occupation du territoire par les colons au mépris des accords internationaux, la situation juridique des Palestiniens rappelle ce que l'administration française a pu mettre en place en Algérie et certainement d’ailleurs ce que tous les gouvernements du monde mettent en place dans des cas similaires.

Il y a des gens à la citoyenneté pleine et entière, les Israéliens juifs, et ceux qui ont citoyenneté de seconde zone, avec beaucoup de statuts différents à ce que j'ai pu voir. En effet, certains Palestiniens ont une carte d'identité israélienne, mais dès qu'ils quittent l'état israélien pour voyager, ils ont un passeport jordanien ou un laisser passer. D'autres vivent
dans des camps de réfugiés en Cisjordanie ou à Gaza.

Les Palestiniens n'ont pas le droit de se déplacer où ils le souhaitent. S'ils se déplacent, ils perdent leur ID israélienne! Vu de l'extérieur, c'est kafkaïen ! Comment les Palestiniens peuvent-ils supporter d'être traités comme cela, eux dont la terre est devenue le refuge des millions de persécutés de la Shoah ?!
Pendant la période de colonisation en Algérie, il y avait cette forme de double citoyenneté :
les Français et les citoyens de seconde zone, musulmans.
On entend partout : « Il faut deux états : un palestinien et un autre Israélien ». L'état palestinien serait forcement coupé puisque la bande de Gaza et la Cisjordanie ne se touchent pas.
D'autres pessimistes disent que l’on voit se dessiner quatre états : Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Israël.
Des Palestiniens parlent aussi d'un seul état binational, sans aller vers la laïcité.
Et puis de petites voix avancent l'argument qu'un seul état laïc serait la solution. Solution la moins raciste. Pour ma part, c'est celle-ci que je souhaite défendre.

Pendant ce court séjour, j'ai apprécié que les fonctionnaires internationaux et diplomates français n'usent pas de la langue de bois. Au contraire, ils ont dénoncé la stigmatisation du Hamas, visant à le faire passer pour un groupe de dangereux terroristes et ils ont dénoncé la communauté internationale qui laisse Israël depuis sa création violer impunément le droit international.
Monsieur JOSSELIN parlait souvent à l'égard de la communauté internationale « d'indulgence coupable ». Effectivement, il était certainement plus facile aux puissances occidentales après la Seconde Guerre Mondiale de régler la question de l'antisémitisme par la création d'un état réservé aux Juifs plutôt que de chercher chez soi la raison de cet antisémitisme pour les considérer enfin comme des citoyens à part entière.
Je souhaiterais qu'on cesse de mettre la question de la religion en avant, parler de Juifs et de Musulmans, mais qu'on parle de « citoyens », d'égalité des droits. L’instrumentalisation politique de la religion est le ferment de la division des peuples, comme le nationalisme.

J'ai lu peu de temps avant mon départ que les mariages laïcs étaient interdits en Israël.Ce n’est pas un cas isolé. Il en est de même au Liban et je pense dans la majeure partie du Moyen Orient. Nous ne sommes pas encore près d’arriver à une vraie séparation du religieux et du politique.
Mais les Verts s'intéressent tout de même également aux questions plus environnementales.
Et bien oui, indépendamment de la question du non respect des droits humains, se posent effectivement des questions environnementales.

A Gaza, lorsque l’on visite des endroits bombardés au phosphore, je me pose la question bien entendu des effets sanitaires effroyables sur les civils, mais également la question de la dépollution des sols, celle des déchets, etc.
La question de l'eau et de l'assainissement a été prégnante dans nos rencontres. Les bombardements ont détruit en partie le réseau d'assainissement, provoquant des pollutions de la nappe phréatique, qui, par ailleurs, est fragile en raison de la présence de la mer et des risques de salinité. Ce qui peut la rendre impropre à la consommation.

Plus spécifiquement, sur la question de la mer à Gaza, la zone de pêche étant très limitée, les fonds marins ont été ratissés et il n’y a quasiment plus de poissons, sans compter que les pêcheurs sont régulièrement victimes de balles israéliennes.
Pendant notre visite à l'hôpital du Croissant Rouge à Gaza City, dévasté, j'ai ramassé un dépliant écrit en arabe mais illustré qui m'a permis de comprendre qu'il mettait en garde les enfants de jouer dans des décombres ou des gravats au risque de sauter sur une roquette, une bombe non explosée. C'est aussi une forme de pollution bien présente pendant les conflits armés.
Pour conclure, ce voyage m’a profondément bouleversée et révoltée quant à la situation dans les territoires palestiniens, m’offrant des images réelles d’une situation qui ne me révoltait jusqu’alors qu’instinctivement, par presse ou livres interposés.

Cette expérience m’a secoué la conscience et ouvert les yeux sur une situation coloniale insupportable qui n’est malheureusement pas un exemple unique sur notre petite planète.
Ainsi je souhaite conclure par une citation de l’immense poète palestinien mahmoud Darwish :
« Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe... Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sortit de Palestine. »

Mahmoud Darwish
Poèmes palestiniens (1970)

Christine Ratzel, mars 2009
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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 18:05

Le 7 mars, le parquet de Pointe-à-Pitre a ouvert une enquête judiciaire à l’encontre d’Elie Domota pour «provocation à la discrimination, à la haine et à la violence contre des personnes ou des catégories de personnes en raison de leur origine ou en raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion ». En clair, et tel que cela a été ensuite repris par Henri Guaino et par les principaux médias, pour « incitation à la haine raciale ». Sont en cause, les propos tenus la veille par le leader du LKP à propos des entreprises refusant l’accord dit « Jacques Bino » qui prévoit une augmentation salariale mensuelle de 200 euros : «Soit ils appliqueront l’accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. (…) Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage. »


Pour discréditer un
leader un peu trop charismatique, ce type d’accusation est redoutable. Certes, il est peu probable qu’Elie Domota soit condamné : le terme de « békés » a une connotation sociale et non pas raciale, puisqu’il désigne des descendants de colons esclavagistes qui ont conservé une grande partie du pouvoir économique. Il se trouve donc qu’il vise certains « blancs », du fait de l’histoire et d’une forte transmission héréditaire des richesses, mais absolument pas «les blancs » en général. Néanmoins, l’ouverture de cette enquête, quelle qu’en soit l’issue, jette sur lui un discrédit immédiat. Rappelons qu’en France, les procureurs sont sous la hiérarchie du pouvoir puisqu’ils dépendent du Garde des Sceaux.


Or, cette enquête arrive sur un terrain médiatique déjà bien labouré puisque le mouvement social dont Domota a été le principal porte voix a été régulièrement assimilé à un mouvement « identitaire ». Cette confusion volontaire a été instillée et renforcée par une série de déclarations. Alors qu’Yves Jégo se prétendait « ambassadeur » de la Guadeloupe, comme s’il partait en territoire étranger, Nicolas Sarkozy promettait comme à son habitude un « débat sans tabou (où) tous les sujets pourront être abordés: économiques, sociaux, identitaires, mais aussi institutionnels. ». Alors que les revendications du LKP étaient claires et strictement sociales (obtenir 200 euros d’augmentation pour les bas salaires), le Président et le Gouvernement ont feint d’y voir des revendications d’un autre ordre, évoquant insidieusement la question du « statut » pour mieux diviser le LKP dont certains membres sont autonomistes. Quant au MEDEF, il n’a cessé de tenter de réduire un mouvement très largement soutenu par la population à une agitation perpétrée, pour reprendre les termes de Laurence Parisot, par une «  organisation gauchiste », qui « milite pour l'indépendance de la Guadeloupe » et sème « un véritable climat de terreur ».

 

Il est vrai que le représentant local du syndicat patronal n’a pas hésité, pour justifier son refus de l’accord, à déclarer (ce que le Préfet, présent lors des négociations, a immédiatement contesté) que le RAID était intervenu pour lui éviter d’être rossé par Elie Domota !


Mais revenons sur terre. Le problème des Guadeloupéens est bien un problème social et politique. Social, puisque dans un territoire où les inégalités de revenus sont fortes et le chômage élevé, les produits de consommation sont 30 à 40% plus chers qu’en métropole. Politique, puisque cette différence est moins due aux coûts d’acheminement de ces produits qu’à une structure économique largement oligopolistique, où quelques acteurs abusent de leur position dominante. C’est à cela que s’en prend Elie Domota et pas à autre chose. L’accord Bino, qui prévoit une prise en charge de ces 200 euros par l’Etat, les collectivités et les entreprises et apporte une réponse concrète au problème des Guadeloupéens est rejeté par quelques grands groupes, piliers de la « pwofitation » et qui se sentent visiblement intouchables.


Cet acharnement à réduire une revendication sociale à une contestation d’ordre identitaire est l’arlésienne du pouvoir politique lorsqu’il refuse de s’attaquer aux problèmes sociaux ou de remettre en cause un ordre économique établi. Pendant les émeutes de novembre 2005, certains « intellectuels » et plusieurs députés de l’UMP avaient ainsi agité l’épouvantail du conflit « ethnique » ou « religieux », ou même invoqué la « polygamie », pour mieux nier les véritables problèmes des banlieues françaises. Ne soyons pas dupes de ces tours de passe-passe. Accuser aujourd’hui Domota de racisme, et à travers lui un vaste mouvement populaire, est une provocation inacceptable.

Thomas Adam-Vannier

Les Verts Aubervilliers
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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 23:08


La polémique a commencé par ça :


«J’ai le sentiment d’avoir raconté l’histoire d’un type qui a protégé un Juif dans sa cave, en 1943.» Pour avoir fait cette confidence à la Voix du Nord, à propos de son film Welcome, le réalisateur Philippe Lioret s’est attiré les foudres d’Eric Besson. Le ministre de l’Immigration a jugé, sur RTL, que le cinéaste «a plus que franchi la ligne jaune […] lorsqu’il dit que "les clandestins de Calais sont l’équivalent des Juifs en 43"».Pour Besson, «cette petite musique-là est absolument insupportable».«Suggérer que la police française, c’est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu’ils sont l’objet de rafles… c’est insupportable», a-t-il insisté…


Pourtant, c’est très clair :

Article L622-1

Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 Euros.

Sera puni des mêmes peines celui qui aura facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger sur le territoire d'un autre Etat partie à la convention signée à Schengen le 19 juin 1990.

Sera puni de mêmes peines celui qui aura facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger sur le territoire d'un Etat partie au protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, additionnel à la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, signée à Palerme le 12 décembre 2000.


En d’autres termes, aider un "réfugié" est aller à l'encontre de la loi et donc se rendre "complice"... Bizarrement, durant 40/45 c'était un acte de bravoure, de résistance et certains ont été nommés "Justes"! Et braver cette loi était on ne peu plus honorable.
Ce jour, nous ne sommes pas encore en cet état, néanmoins je qualifierais cela d'un acte de résistance à l'anhihilisme de ces humains qui recherchent ce qu'ils pensent être un coin de paix.



C’est le mot « rafle » qui pose problème ?


Selon la CIMADE, une rafle “est une arrestation en masse d’une partie ciblée d’une population, faite à l’improviste et organisée par la police.”


Les exemples suivant ne sont-il pas exactement ce que la CIMADE, et nous Les Verts entre autre dénonçons ?


Lundi 19 mars 2007, une arrestation devant l'école maternelle Rampal d’un grand-père qui venait chercher sa petite fille. Les policiers l’ont fouillé, prenant de haut les protestations, devant les enfants et parents traumatisés. Ils l'ont ensuite emmené pour une destination qu'ils n'ont pas voulu préciser, laissant la petite fille désemparée... La directrice de l’école maternelle Rampal à Paris (XIXe) a été interpellée pour «outrage et dégradation de biens public en réunion». Elle a été placée en garde à vue au commissariat Erik-Satie du XIXe arrondissement.


Lundi 16 avril 2007 la gendarmerie nationale a procédé avec une extrême violence à des arrestations de sans-papiers dans un atelier clandestin de textile à Aubervilliers. Une femme qui tentait de s’échapper est tombée d’une échelle et a dû être hospitalisée. On dénombre une vingtaine de personnes arrêtées et placés en rétention, dont deux enfants de 10 ans et 1 an, enfermés avec leurs parents au centre de rétention de Oissel (Seine-Maritime). Un bébé de deux mois dont la chambre jouxtait l’atelier est décédé


Le 25 septembre 2007, Deux enfants, Marseda (8 ans) et Armen (7 ans) à l’école Ferdinand-Buisson de Montauban le plus jeune des enfants a été arrêté contre la volonté des enseignants à qui la police a d’abord tenté de faire croire que les parents avaient eu un accident puis affirmé détenir une commission rogatoire qu’elle n’a toutefois pas montrée“,


Le 26 novembre 2007, à l’école du Jardin de Ville, à Grenoble. A 15h 45, un père de quatre enfants (un moins de trois ans, deux scolarisés en maternelle et un en CE1 à l’école du Jardin de Ville) est venu, accompagné de deux policiers en civil, chercher ses enfants, pour “un rendez-vous en préfecture”, ont compris les enseignants. A 19h, on apprenait que la famille au complet était au centre de rétention de Lyon.


Nous ne pouvons que dénoncer l’article 622-1 et évidemment soutenir Philippe LIORET, Vincent LINDON, son équipe et son film WELCOME. Magnifique film… pamphlet contre la politique de répression de M. SARKOZY, M. HORTEFEUX et maintenant, E. BESSON qui prend très à cœur son nouveau rôle.


Les verts d’Aubervilliers vous incitent à voir et à soutenir ce film qui passera au cinéma le Studio mercredi 25 mars à 19H30 en présence du Comité de vigilance contre l’expulsion des familles et élèves sans papiers d’Aubervilliers et du Comité des sans papiers d’Aubervilliers.

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 12:20


A l'appel du collectif citoyen Aubervilliers Solidarité Palestine, un débat sur la situation à Gaza après les crimes de l'armée israélienne aura lieu à l'espace Renaudie, 30 rue Lopez et Jules Martin, Aubervilliers, le samedi 31 janvier 2009, à partir de 17h. Allons-y en nombre.
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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 09:36

Les vert d'Aubervilliers soutiennent le collectif citoyens d’Aubervilliers pour la Solidarité avec le peuple palestinien et appelle les albertivillariens à un RASSEMBLEMENT DE SOLIDARITE ET POUR L’ARRET DU MASSACRE A GAZA.



http://www.france-palestine.org/IMG/jpg/logo_paix_comme_palestine.jpg- 1 Million et demi de personnes assiégées, affamées bombardées depuis plus

de 18 mois.


- 700 morts + 3 100 blessés dont de nombreux enfants.


Nous citoyens d’Aubervilliers, associations, organisations syndicales et partis politiques, nous exigeons :


- L’ARRÊT DU MASSACRE 


- LA LEVEE IMMEDIATE ET TOTALE DU BLOCUS 


- DES SANCTIONS REELLES CONTRE ISRAËL 


- LA SUSPENSION DE TOUT ACCORD PREFERENTIEL

D’ASSOCIATION ENTRE UNION EUROPEENNE ET ISRAËL 


- LA PROTECTION DE LA POPULATION DE GAZA ET DE

TOUT LE PEUPLE PALESTINIEN 


Les citoyens d’Aubervilliers, les associations, les organisations politiques fort d’une longue tradition de solidarité avec les peuples en lutte et principalement le peuple Palestinien, sont activement engagés pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens et l’arrêt du massacre à Gaza.


RASSEMBLEMENT :

SAMEDI 10 JANVIER 2009 à 12 heures (Place de la Mairie d’Aubervilliers)


Un cortège unitaire d’Aubervilliers se dirigera ensuite en manifestation jusqu’au Métro 4 Chemins pour participer à la Manifestation de 15 heures, Place de la République à Paris.


Le Collectif Citoyens d’Aubervilliers pour la Solidarité avec la Palestine,

- Soutenu par (premiers signataires) :

- Associations :

La Médina. 93 Au Cœur de la République. Elan 93. Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT).

- Partis politiques :

Le Parti Communiste d’Aubervilliers. Le Parti Socialiste d’Aubervilliers. Les Verts d’aubervilliers.NPA d’Aubervilliers. La Gauche Communiste d’Aubervilliers. Syndicat : CGT D’Aubervilliers.

Contacts : utit.net@gmail.com / boualem.benkhelouf@orange.fr

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