12 octobre 2010
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TIANJIN (Chine) (AFP) - Les deux plus gros pollueurs de la planète, Etats-Unis et Chine se sont renvoyé samedi la responsabilité de l'absence de réelle avancée dans les négociations climat, jetant
une ombre sur le prochain rendez-vous de Cancun censé réparer l'échec de Copenhague. Le tableau n'était toutefois pas complètement noir à Tianjin, en Chine, au dernier jour d'une semaine de
négociations, dernière ligne droite avant la réunion mexicaine (29 novembre au 10 décembre). Les discussions de "cette semaine nous ont rapprochés d'un ensemble structuré de décisions qui peuvent
faire l'objet d'un accord à Cancun", a déclaré la responsable en chef du climat à l'ONU, Christiana Figueres. Il s'agit de dossiers, dont le principe avait été acté dans l'accord de Copenhague fin
2009 et qui pourraient devenir opérationnels, comme le Fonds vert, un mécanisme pour le transfert de technologies ou pour aider les pays les plus vulnérables à "s'adapter" aux impacts du changement
climatique, ainsi que la lutte contre la déforestation. Autant d'avancées mises en avant par l'ONU qui veut absolument éviter de repartir les mains vides de Cancun, au risque de voir tout le
processus onusien de négociation décrédibilisé, notamment après l'échec de Copenhague. "Il y a encore beaucoup faire, et le temps est court", a cependant reconnu la ministère mexicaine des Affaires
étrangères, Patricia Espinosa. Pour de nombreuses délégations présentes --plus de 170 pays--, et selon les mots de Mme Figueres, Cancun doit également "poser les fondations" de ce que serait un
accord global permettant de lutter efficacement contre le changement climatique. La conférence de Copenhague entendait parvenir à un tel texte, qui aurait pris le relais du protocole de Kyoto,
lequel expire en 2012. Elle n'a abouti qu'à un texte non contraignant, négocié à la hâte par une poignée de chefs d'Etat, qui fixe comme objectif de limiter la hausse de la température de la
planète à 2 degrés, mais reste évasif sur les moyens. Pour l'heure, les objectifs en matière d'émissions de gaz à effet de serre (GES) posés par les pays industrialisés et 37 pays en voie de
développement sont loin de permettre de rester sous les 2°. Et tout progrès sur le long terme butait encore cette semaine sur des positions divergentes des deux principaux acteurs des négociations,
Chine et USA (50% des émissions des GES globales). Le négociateur américain Jonathan Pershing s'est déclaré "déçu" de ces négociations et "préoccupé" pour Cancun, visant particulièrement la
position chinoise. "Nous sommes en particulier déçus du fait que nous n'ayons accompli que très peu de progrès sur la question centrale" du contrôle des actions entreprises par chacun des pays au
sujet de leurs émissions de GES, a-t-il déclaré. Il s'agit d'une question essentielle pour Washington et très sensible pour Pékin, particulièrement rétif à tout contrôle extérieur. "Il n'y a pas de
solution au problème" du climat "à moins que nous ne trouvions une solution ensemble", a-t-il ajouté. Mais "il semble que jusqu'à présent, les intérêts des deux pays ne coïncident pas". Plus tard,
le principal négociateur chinois Su Wei répondait qu'il "n'est pas juste de critiquer les autres quand on ne fait rien", affirmant que la Chine exerçait un "contrôle national" sur ses engagements.
Et il a comparé les Etats-Unis à un "cochon qui se regarde dans le miroir". Pékin s'est fixé un objectif de réduction des émissions de carbone par unité de PIB de 40% à 45% entre 2005 et 2020. Le
président Barack Obama s'est engagé à réduire les émissions de GES des Etats-Unis de 17% d'ici à 2020, par rapport à leurs niveaux de 2005. Mais le Congrès américain n'a pas réussi à voter une loi
pour lutter contre le réchauffement climatique. © AFP