Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Les Verts d' Aubervilliers
  • : Le Blog de Jean-François Monino, élu Maire Adjoint d'Aubervilliers, est là pour vous informer de son action dans les domaines aussi variés que l:'environnement, les transports, la sécurité, la prévention, la gestion des déchets et les relations internationnales
  • Contact

Profil

  • Jean-François Monino
  • Maire adjoint à la Ville d'Aubervilliers aux travaux,à la Voirie.
Vice Président à Plaine Commune
Président de l'association Aubervilliers Environnement - Aubervilliers Ecologie.
  • Maire adjoint à la Ville d'Aubervilliers aux travaux,à la Voirie. Vice Président à Plaine Commune Président de l'association Aubervilliers Environnement - Aubervilliers Ecologie.

Recherche

Archives

20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 07:40
« La question israélo-palestinienne est majeure pour l'avenir du monde, tout comme pour celui du vivre ensemble ici, dans nos villes et dans nos quartiers » a déclaré la maire de Montreuil en accueillant  la délégation de Beit Sira le mercredi 30 septembre à l’Hôtel de Ville de Montreuil.

Beit-Sira est un village palestinien de 3000 habitants, situé à 25 km à l'ouest de Ramallah.

Nous publions ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par Dominique Voynet, qui précise les modalités de l’engagement de Montreuil auprès des Palestinien et sa position personnelle » sur le conflit israélo-palestinien.

« Madame la Déléguée générale de la Palestine en France, Messieurs les Président et Vice-Président du Conseil local de Beit Sira, Madame la représentante de la société civile de Beit Sira, Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je suis vraiment très heureuse de vous accueillir à l'hôtel de ville, avec mon adjoint Alexandre Tuaillon, pour ce moment solennel qui va permettre de formaliser les engagements réciproques de coopération entre Beit Sira et Montreuil pour les années à venir.

Une première lettre d'intention avait été signée en 2005, mais nous entrons aujourd'hui dans une nouvelle étape, que nous avons souhaitée plus forte, plus concrète, plus durable. Et plus assumée.

Plus forte, car nous avons décidé, bien que la situation budgétaire de notre ville soit mauvaise et alors que nous cherchons à réaliser des économies dans tous les secteurs, de hisser la coopération avec la Palestine au rang de nos priorités en matière internationale.

Plus concrète, car nous nous engageons aujourd'hui à dépasser le cadre des échanges (d'étudiants, d'élus, de sportifs) pour entrer dans une véritable dynamique de projet.

Les échanges ont leur utilité, notamment parce qu'ils permettent à nos sociétés civiles de se rencontrer. Ils permettent aux Palestiniens d'échapper ponctuellement à l'enfermement quotidien d'une vie sous occupation, d'une vie sous embargo économique, d'une vie où les perspectives d'avenir sont très difficiles à entrevoir.

Et ils permettent aux Français, aux Montreuillois, de mieux percevoir et comprendre ce qu'est la réalité palestinienne, bien différente des raccourcis médiatiques et des clichés simplistes.

Ces échanges entre un peuple libre et un peuple qui revendique sa liberté participent selon moi de la solidarité internationale, et cela est loin d'être négligeable.

Mais Montreuil veut désormais aller plus loin, en développant des actions de coopération dans la durée, qui contribueront à améliorer concrètement la vie quotidienne des habitants de Beit Sira. En nous recentrant sur nos compétences, nous allons participer à des programmes dans les domaines de l'assainissement, de l'éclairage public, des déchets, ou encore des équipements scolaires ou sociaux.

Un appui au développement du service public local donc, mais aussi un soutien aux initiatives citoyennes et de la société civile, par le biais du financement de micro-projets ou d'actions de formation.

Bien sûr, cet ambitieux programme ne pourra pas être réalisé en une seule fois, c'est pourquoi nous nous engageons aujourd'hui sur le long terme avec nos partenaires palestiniens. Le protocole couvre une première période de 3 ans, et nous souhaitons qu'il soit renouvelé, mais dans l'immédiat, il nous a fallu hiérarchiser des priorités.

Parmi celles-ci, nous avons choisi ensemble de concentrer nos efforts sur la question de l'approvisionnement en eau potable des 3000 habitants de Beit Sira, qui est notoirement défaillant aujourd'hui. Cela correspond à un besoin vital de la population, et nous allons tout mettre en œuvre pour mobiliser les partenariats techniques et financiers nécessaires à la rénovation du réseau, à la mise en place d'un véritable système de gestion et à la sensibilisation des usagers.

Nous en sommes conscients, travailler sur la question de l'eau en Palestine n'est pas neutre au niveau politique. Cette ressource est rare et stratégique, elle est presque entièrement contrôlée par les Israéliens dans les territoires occupés, notamment pour assurer l'approvisionnement des colonies ou l'irrigation des cultures dédiées au marché israélien. C'est Tsahal qui contrôle les puits, et c'est la compagnie Mekorot qui assure la majorité de la distribution.

Nous nous engageons donc dans cette coopération avec une pleine et entière conscience des difficultés et du contexte. Cette coopération, nous l'assumons. Et nous sommes prêts à nous en expliquer, chaque fois qu'il le faudra.

Contrairement au passé à Montreuil, nous ne coopérons pas avec la Palestine en nous cachant derrière une notion de pseudo équilibre avec une ville israélienne.

Nous sommes jumelés avec une ville israélienne, dont Beit Sira n'est séparée que par le « mur de sécurité ». Je n'écarte pas la possibilité d'une coopération concrète avec cette ville à l'avenir, si elle implique les sociétés civiles, si elle permet d'agir pour faire avancer l'idée de paix au sein de la population.

Mais je n'en fais ni un préalable ni une condition de notre engagement en faveur du peuple palestinien.

Mon opinion est claire et elle n'est pas nouvelle : je refuse de faire comme s'il n'y avait pas dans ce conflit un fort et un faible. En tant que pacifiste, en tant qu'humaniste, en tant que militante des droits de l'être humain depuis toujours, je me dois de porter en priorité mon soutien et ma compassion vers le faible, vers l'opprimé.

Vous serez peut-être surpris que j'y fasse référence, mais c'est Karl Marx qui a dit qu'« Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre », et c'est bien le message que je ferai passer à nos partenaires israéliens lorsque l'occasion m'en sera donnée.

Les conditions de réalisation d'une paix juste sont connues, depuis longtemps, et elles ont été traduites dans plus d'une dizaine de résolutions de l'ONU, qui n'ont jamais été appliquées. La conférence de Madrid en 91, puis les accords d'Oslo en 93, suivis de ceux du Caire et de Taba, ont engagé le processus positif qui aurait pu permettre un règlement du conflit malgré l'assassinat de Rabin et l'échec de Camp David en 2000.

Le déclenchement de la deuxième Intifida, le renforcement de l'étreinte israélienne sur les territoires et l'aggravation de la situation sociale, sanitaire et économique des populations, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem Est, l'essor du Hamas et le cercle vicieux attentats-répression, ou encore la terrible guerre à Gaza, semblent avoir écarté durablement les perspectives de paix.

Mais « la feuille de route » élaborée par le Quartet, et de manière beaucoup plus concrète les accords de Genève du 1er décembre 2003 - auxquels beaucoup d'entre nous ici, pleins d'espoir, ont apporté leur soutien - apportent des solutions précises pour parvenir à une résolution du conflit.

Ma position personnelle n'est pas ambiguë, je pense qu'on ne peut pas faire moins que Genève : reconnaissance du droit à l'existence et à la sécurité d'Israël dans des frontières stables ; Jérusalem Est capitale d'un Etat palestinien souverain et libre ; évacuation par Israël de 98% de la Cisjordanie (dont la plupart des colonies) et règlement de la question de la circulation entre la Cisjordanie et Gaza ; approche pragmatique de la question du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Ces questions politiques ne sont habituellement pas évoquées dans le cadre de la coopération décentralisée ou des relations internationales entre collectivités. On fait mine de s'en tenir aux questions humanitaires ou sociales. On rivalise de bons sentiments et de déclarations générales.

Mais la coopération avec la Palestine n'est pas une coopération comme les autres, et il serait hypocrite ou lâche de coopérer sans s'engager.

Cette intervention était longue, et a peut-être un peu dépassé le cadre de la seule signature du protocole. Mais je considère que la question israélo-palestinienne est majeure pour l'avenir du monde, tout comme pour celui du vivre ensemble ici, dans nos villes et dans nos quartiers. Elle mérite donc selon moi autre chose que de « faciles » déclarations de principe convenues.

Pour l'heure, nous allons nous attacher à ce que ce qui est inscrit dans ce protocole n'allonge pas la liste des promesses non tenues à l'égard des Palestiniens, et tout mettre en oeuvre pour que ces actions soient réalisées au plus vite ! Je sais qu'à mes côtés, Alexandre y mettra son énergie et ses convictions, et que nos services, que je remercie pour leur travail et l'implication dans l'accueil de la délégation, y apporteront leur savoir-faire et leur efficacité. Inch'allah ! Shukran ».

Publié sur le blog de Dominique Voynet le 12 octobre 2009 sous le titre « Montreuil s'engage auprès des Palestiniens »

Partager cet article
Repost0

commentaires